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Joseph Incardona publie un nouveau roman noir aussi cinglant qu'haletant

Joseph Incardona. [DR - Sandrine Cellard]
L'invité: Joseph Incardona, "La soustraction des possibles" / Vertigo / 50 min. / le 6 janvier 2020
Dans son nouveau roman, "La soustraction des possibles", l'écrivain italo-suisse prend Genève et le capitalisme-roi de la fin des années 1980 comme toile de fond d'une fresque à la cinglante noirceur.

Fin des années 1980, le capitalisme devient roi et a ses champions, les golden boys de la finance. A Genève, plaque tournante des flux mondialisés, une jeune financière prometteuse, Svetlana, rencontre Aldo, un prof de tennis vaguement gigolo. Ils s’aiment mais veulent plus. Plus d’argent, plus de pouvoir, plus de reconnaissance. Leur chance, ce pourrait être ces fortunes en transit. Il suffit d’être assez malin pour se servir. Mais en amour comme en matière d’argent, il y a toujours plus avide et plus féroce que soi.

"Bonnie and Clyde genevois"

Dans "La soustraction des possibles", son nouveau roman qui prend racine dans un fait divers, celui d’une gestionnaire de fortune qui prélevait quelques dizaines de centimes sur chacune des transactions de ses clients, Joseph Incardona dresse une fresque ambitieuse où leur soif de revanche sur la société et de reconnaissance finit mal.

Récipiendaire notamment du Prix du Roman des Romands en 2018 pour "Permis C" et du Grand prix du roman noir français pour "Lonely Betty", l'auteur italo-suisse déjà auteur de douze livres dit "s'inscrire plutôt dans le roman noir, le roman tragique plutôt que dans le polar. Ce livre est davantage une comédie de moeurs, une sorte de "Bonnie and Clyde" genevois (...) Il aurait même pu s'appeler "L'avidité"", explique Joseph Incardona à la RTS.

Réflexion sur l'écriture

Celui qui cite volontiers Ramuz, Céline, Fante, Carver, Bukowski, Miller ou Manchette dans ses auteurs fétiches fait de Genève un personnage à part entière de son roman en forme de critique acerbe de l'ultra-libéralisme où la malveillance est reine. Au-delà, "ce livre est une lasagne, dit-il. Il y a une histoire, une dramaturgie, une intrigue et il y a aussi une réflexion sur qu'est-ce qu'écrire un roman aujourd'hui. D'où le titre". Et d'où l'apparition de l'auteur comme personnage dans son roman qui lui permet de se placer en regard de l'intrigue et d'observer la tragédie shakespearienne d'une implacable mécanique qui se déroule sous ses yeux.

Interview: Pierre Philippe Cadert

Texte et adaptation web: Olivier Horner

Joseph Incardona, "La soustraction des possibles", éditions Finitude.

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