Ces textes de jeunesse annoncent l'oeuvre de celle qui deviendra malgré elle une icône de l'émancipation féminine. Son oeuvre tout entière parle de la femme, des femmes.
Dans toute femme, il y a beaucoup de femmes. Certaines n'existeront jamais, d'autres seront bannies, d'autres enfin seront en partie névrosées. J'ai appris à les séparer et à les réconcilier.
Les écrits d'Anaïs Nin résonnent avec les préoccupations de notre époque. Grâce notamment à "la façon dont elle a révolutionné la vision féminine, en étant justement très libre, libre d'avoir plusieurs relations, de l'assumer publiquement, de le dire, évidemment aussi de parler de l'inceste", explique à la RTS Claire Do Sêrro, qui dirige le domaine étranger aux éditions Robert Laffont et NiL.
Fine observation de la société bourgeoise
Rassemblés sous le titre "L'intemporalité perdue et autres nouvelles", les textes racontent la jeune Anaïs Nin, la vingtaine, qui vit à Paris avec son banquier de mari. La jeune femme aborde déjà dans ses écrits des thématiques que l'on retrouvera plus tard dans son journal intime et dans certains de ses romans. A cette époque, elle n'a pas encore rencontré le romancier Henry Miller, avec qui elle entretiendra une relation passionnée, et son écriture n'est pas du tout teintée d'érotisme.
Dans ses nouvelles, elle déroule plutôt les thématiques de l'obsession de l'attrait du paraître, de l'observation de la société bourgeoise, du questionnement de l'art, au centre de sa vie. Ces textes s'inscrivent vraiment dans ce moment de bascule où elle réalise qu'elle va vouloir consacrer sa vie à cet art de l'écriture, explique Claire Do Sêrro.
Ces écrits inédits d'Anaïs Nin tournent tous autour du désir, désir amoureux, désir d'écrire, désir d'être ce qu'elle veut être. A sa façon, elle a donc beaucoup milité pour la liberté de la femme. Et l'on y retrouve surtout les prémices d'une grande écrivaine.
Propos recueillis par Sylvie Lambelet/mh
Anaïs Nin, "L'intemporalité perdue et autres nouvelles", éditions NiL