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La littérature à l'ère du confinement, ou les vertus virtuelles du virus

Visuel du projet "En attendant, écrivons".
Visuel du projet "En attendant, écrivons".
Sur le web et les réseaux sociaux, de nombreux écrivains partagent leur art et profitent du confinement pour explorer de nouvelles pistes de création.

La culture en quarantaine. Théâtres, musées, cinémas, salles de concert, cercles littéraires. Rien ne résiste à l'élan ravageur d'un virus qu'on croirait philistin. Car la culture se partage, se nourrit d'échanges et d'expériences collectives, c'est là son essence. Mais comment s'y prendre, lorsque publics et artistes se voient assignés à résidence, loin les uns des autres?

Si les théâtres ou les musées doivent rivaliser d'imagination pour ne pas disparaître du paysage culturel, les écrivains, eux, semblent mieux lotis. Car écrire, c'est œuvrer dans le secret d'une "chambre à soi", comme l'écrivait Virginia Woolf. Sur sa page Facebook, l'autrice genevoise Mélanie Chappuis a choisi de lire quotidiennement, en vidéo, un texte extrait de son recueil "Exils" (Ed. BSN Press).

Le Lausannois Alain Freudiger lance de son côté DéCAMERA, un clin d’œil au "Décaméron" de Boccace, recueil de nouvelles qui débute par l'évocation de la peste de Florence, en 1348. Conçu à la manière d'un podcast, ce projet d'écriture se propose d'offrir tous les jours aux internautes une histoire originale, racontée par son auteur.

"En attendant, écrivons"

Un même désir de créativité partagée anime Matthieu Corpataux. Romancier et poète, fondateur de la revue L'Epître, le Fribourgeois vient de lancer un projet dédié au réseau social Facebook.

Inspirés des contraintes fécondes de l'Oulipo, la page "En attendant, écrivons" invite des écrivains confirmés à proposer aux internautes une consigne d'écriture, une incitation à pondre et publier de façon spontanée de petits textes éphémères.

>> A écouter: Entretien avec Matthieu Corpataux, créateur de l'opération "En attendant, écrivons" sur Facebook :

Matthieu Corpataux, reprend la direction du Salon du Livre romand à Fribourg. [RTS]RTS
Entretien avec Matthieu Corpataux, créateur de l'opération "En attendant écrivons" sur Facebook / QWERTZ / 7 min. / le 18 mars 2020

"Peut-être que le coronavirus est un lecteur, suggère, malicieux, Matthieu Corpataux, puisque la situation de confinement se prête particulièrement bien à la lecture et à l'écriture."

La démarche créative, fort appréciée des internautes, pourrait-elle devenir… virale? Si les initiatives individuelles se propagent, l'élan de générosité n'a pas contaminé jusqu'ici les multinationales du divertissement. Ni Netflix ni Spotify ni Apple n'ont annoncé d'aménagements à leur politique de distribution commerciale. Une chance supplémentaire pour les indépendants, les artisans de la culture, de faire entendre leurs voix?

Nicolas Julliard/aq

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Ecrire sur "Rester à la maison"

Mettre par écrit votre expérience de confinement, c'est aussi ce que propose la Librairie du Vieux-Comté à Bulle. Une fois par semaine, elle invite ses clients à prendre la plume chez eux, et rédiger sur une même thématique: "Rester à la maison". Pour Micheline Repond, co-propriétaire de la libraire, écrire peut aider à traverser cette période d'isolement.

Une fois le confinement terminé, la librairie organisera des séances de lecture des textes pour partager les expériences de chacun. En vrai cette fois.