Il ne faudrait pas réduire les aventures du hussard Angelo, révolutionnaire italien passé en France pour échapper à la police de son pays, à une simple chevauchée à travers les Hautes-Alpes touchées par l'épidémie de choléra. Il s'agit avant tout d'un voyage intérieur.
Le hussard découvre ce dont sont capables les hommes quand ils ont peur – même d'enterrer des agonisants – et entrevoit un charnier derrière la nature magnifique. Une vision macabre qui s'exprime par cette interrogation d'Angelo distinguant au loin la vibration d'un énorme essaim de papillons: "Il n'y a pas une seule fleur, où vont-ils chercher tout le sucre qu'il leur faut?"
Sans le secours du poète, on ne peut pas connaître le chemin qui délivre des enlacements de l’enfer.
Auteur en marge des courants littéraires de son temps, fils d'un cordonnier et d'une repasseuse, Jean Giono n'a presque jamais quitté Manosque où il est mort; il laisse une œuvre immense (8 tomes dans la Pléiade), traduite en plus de quarante langues, aussi complexe que ses prises de position politiques.