Comme en Suisse, les librairies en France sont fermées depuis le 16 mars. Et comme en Suisse, le milieu du livre se demande pourquoi il est sanctionné alors que d'autres secteurs, qui ne relèvent pas de la première nécessité, peuvent fonctionner. C'est toute la chaîne du livre qui est affectée, jusqu'aux auteurs à qui un certain nombre d'éditeurs ont demandé de "surseoir à l'envoi des manuscrits".
Même si le gouvernement français a promis 5 millions d'euros pour la filière du livre, pour Antoine Gallimard, patron du groupe Madrigall, "ces moyens sont insuffisants". Dans un entretien accordé au site Livres Hebdo, l'homme s'inquiétait de la possible vague de faillites chez les éditeurs et les libraires.
Concernant le cas spécifique de sa maison d'édition, il confiait perdre actuellement "plus de 90%" de son chiffre d'affaires malgré l'essor des ventes de livres en format numérique. "Sur l’année, je m'attends à une baisse de chiffre d'affaires de l'ordre de 20 à 25%, et surtout une baisse plus marquée de nos marges d'exploitation".
Même situation en Suisse
Le secteur est tout autant affecté en Suisse. "La perte de chiffre d'affaires pour les mois de mars et avril oscille entre 50% et 100% en fonction des enseignes, certaines ayant développé la vente en ligne ou la livraison à domicile, d'autres non. Compte tenu des marges infimes, la grande majorité des libraires a renoncé à contracter un prêt de la Confédération", souligne Olivier Babel de LIVRESUISSE.
Samedi dernier, la même Association lançait une pétition en ligne pour la réouverture des librairies le 27 avril. Elle regrettait aussi que les grandes surfaces puissent à nouveau élargir leurs ventes, y compris les livres. Le Conseil fédéral, mercredi a corrigé le tir, afin précisément de ne pas créer d'inégalité avec d'autres commerces, dont les librairies.
Reporter les sorties à l'année prochaine
Isabelle Gallimard, administratrice des éditions Gallimard et Flammarion, également directrice du Mercure de France, confirmait au micro de la "Librairie francophone" les propos de son frère et ses craintes concernant le reste de l'année. Elle estime qu'il faudrait réduire d'"au moins un tiers" les sorties de fin août et du début septembre. "Les livres prévus pour mars, avril et mai ont été gelés en raison de la pandémie. Les reporter tous en juin, période incertaine et veille des vacances, n'est pas propice à la reprise. Mais les repousser en septembre, période de rentrée littéraire, va créer un embouteillage. Personne ne pourra en lire autant et les livres les plus fragiles seront noyés par cette avalanche", dit-elle. Elle plaide pour des reports à l'année prochaine.
Sujet traité par la "Librairie francophone"
Adaptation web: mcm