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Joël Dicker: "Je suis d'abord un citoyen avant d'être un écrivain"

Joël Dicker. [DR - Jeremy Spierer]
Joël Dicker, LʹÉnigme de la chambre 622 / Vertigo / 17 min. / le 12 mai 2020
Le dernier roman de Joël Dicker, "L'Enigme de la chambre 622", dont la sortie prévue en mars a été repoussée au 19 mai en Suisse, est très attendu. L'auteur genevois n'a qu'un seul regret, ne pas pouvoir rencontrer physiquement ses lecteurs.

Alors que les librairies ont souffert pendant deux mois, l'arrivée dans leurs rayons, mardi 19 mai, du dernier livre de Joël Dicker tombe comme une bénédiction, tant il est attendu par ses fans. Autre atout, et comme prévu initialement, "L'Enigme de la chambre 622" (éditions De Fallois) sort en Suisse une semaine avant la France.

Seul regret

"Le report de mon livre de mars à mai, pour moi, ce n'est pas grave. Ce qui me fait de la peine, c'est que j'avais prévu une grande tournée de signatures entre mars et fin juin, 75 rendez-vous au contact du public, et que je dois tout annuler. Quand sera-t-il à nouveau possible d'aller à la rencontre des gens sans masque, sans visière et sans distance sociale? Ma frustration est celle-ci: devoir renoncer à de vrais échanges", dit Joël Dicker à la RTS.

Le rendez-vous culture: Joël Dicker présente son dernier roman, "L'énigme de la chambre 622" depuis sa librairie favorite
Le rendez-vous culture: Joël Dicker présente son dernier roman, "L'énigme de la chambre 622" depuis sa librairie favorite / 12h45 / 3 min. / le 11 mai 2020

Pour l'auteur genevois, les deux mois de confinement auront surtout révélé combien le livre était un bien précieux, une denrée essentielle, "parce qu'on quitte la réalité qui nous est imposée par la seule force de l'esprit. C'est un voyage à l'intérieur de soi, beaucoup plus fort qu'un film ou qu'une série parce que cela nécessite une véritable concentration".

Lui-même avoue avoir un rapport étrange à la réalité. Quand il est en phase d'écriture, il se dit assez déconnecté du monde tant son roman le happe.

Il m'arrive de m'échapper d'une conversation parce que je pense à une scène, à un dialogue, à un personnage. J'écris sans plan, sans idée de la suite, alors ces moments-là sont très précieux.

Joël Dicker, auteur de "LEnigme de la chambre 622".

"L'Enigme de la chambre 622" se déroule entre Genève et Verbier, dans le milieu de la banque privée. Un écrivain se retrouve des années plus tard dans la chambre d'un palace où a eu lieu un crime non élucidé. L'occasion pour lui de se replonger dans l'affaire et de mener l'enquête.

Le plus suisse de ses romans

Sur fond de triangle amoureux, Dicker combine jeux de pouvoir, coups bas, trahisons et jalousies. Il y est aussi beaucoup question d'héritage et de transmission, un thème récurrent chez lui mais qui résonne encore plus depuis qu'il est père d'un petit garçon.

Son éditeur parle de "L'Enigme de la chambre 622" "comme d'une "montre de précision helvétique". C'est en effet le plus suisse de tous ses romans. Il y rend d'ailleurs hommage à sa ville natale, Genève. "Avant, comme j'y habite, je ne parvenais pas à en faire une ville de fiction alors que mes liens et mon affection pour elle sont profonds. J'aime cette ville, avec son lac entouré de montagnes; cette ville qui a accueilli mes grands-parents".

Le goût de la responsabilité

Suisse, Joël Dicker l'est aussi dans son rapport à la liberté - qu'il sait fragile - et qu'il associe à la responsabilité, lui qui a été attaché parlementaire et fondateur, à 10 ans, de "La Gazette des animaux", une revue sur la nature qu'il a dirigée pendant sept ans. "Je suis d'abord un citoyen avant d'être un écrivain. Je suis un grand adepte de la responsabilité et pas du tout de l'interdiction. Je crois que le monde peut fonctionner si chacun prend sa responsabilité. Cette crise du coronavirus nous aura appris que rien n'était impossible. Qui aurait cru en janvier que la Suisse serait fermée pendant deux mois? Mais cela est arrivé. Et cela pourrait se reproduire avec les grands défis qui nous attendent, comme le climat ou l'environnement".

Propos recueillis par Laurence Froidevaux

Texte et adaptation web: Marie-Claude Martin

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