Bernard Utz: "Mon personnage déteste l'expression 'faire son deuil'"

Comment survivre à la mort de celle ou celui qu'on aime? Et si on s'autorisait à ne pas faire son deuil comme le recommandent les magazines de bien-être? Bouleversante quête d'amour entre rêve et folie, hommage fantastique au pouvoir des livres, "Un Toit" est le premier roman de Bernard Utz, né à Châtel-Saint-Denis. "J'en ai écrit bien d'autres, mais celui-ci est le premier à être publié", dit l'auteur fribourgeois de 32 ans.

Joseph a perdu Célestine, sa compagne. Il quitte son travail, son appartement et part construire de ses mains une cabane sur un coin de terre agricole. Il n'emmène quasiment rien avec lui, sauf la bibliothèque de sa femme.

Les livres comme une conversation ininterrompue

Le soir, fatigué, l'ermite lit les livres que Célestine aimait. Lui, peu familier des romans, découvre non seulement le plaisir de la lecture mais retrouve les traces physiques de sa compagne à travers les annotations qu'elle y a laissées, les pages écornées, les phrases soulignées, le papier gondolé sous les larmes. Il a l'impression de pouvoir communiquer avec elle; les livres deviennent son toit, sa maison, leur maison à lui Joseph et Célestine.

"Mon personnage n'aime pas l'expression 'faire son deuil'. Pour lui, elle est synonyme d'oubli. Or, il ne veut pas oublier Célestine et refuse de tourner la page. Au début, son retrait du monde peut apparaître comme une fuite, mais au fil du journal intime que tient Joseph, le narrateur, c'est avec les livres qu'il devient plus heureux", dit l'auteur qui vient d'achever un autre roman, pas encore envoyé aux éditeurs.

Propos recueillis par Yves Zahno/mcm

_{"Un Toit", de Bernard Utz, aux éditions D'autre Part.}