Et si l’Algérie n’avait obtenu son indépendance qu’en 1976? Et si cette année-là, le monde avait subi sa première catastrophe nucléaire? Et si celle-ci était due à l’explosion d’un robot géant mis au point pour reconstruire la France après-guerre? Et si un gigantesque extraterrestre sortait de terre pour semer la panique?
Avec tous ces "si", on pourrait mettre Alger en bouteille. Et les auteurs y ajouteraient Nantes, Bombay et le Sahara tout entier.
Un supergroupe de bande dessinée
Le projet "Le dernier Atlas" est né comme une évidence. Le scénariste Fabien Vehlmann connu pour la série "Seuls" avait le souhait, le besoin, de parler de la guerre d’Algérie mais aucune envie d’en faire un récit historique. L’uchronie permettra à son désir de prendre forme.
Par la bande donc et avec une bande… de copains. Le projet réunit des anciens de la revue numérique "Professeur Cyclope", le dessinateur Hervé Tanquerelle et son coscénariste Gwen de Bonneval. Ils sont rejoints par Fred Blanchard, cocréateur de la série "Jour J" qui se spécialise justement dans l’uchronie.
Deux scénaristes fusionnels
Tous quatre, ils imaginent ce présent alternatif en travaillant en couple. Les scénaristes peaufinent les détails de l’intrigue avec une précision d’orfèvre. Leur travail pour le premier tome du "Dernier Atlas" est récompensé par le festival de bande dessinée d’Angoulême qui leur décerne cette année le prestigieux prix René Goscinny.
Un honneur qu’ils ont choisi de partager avec toute la profession puisqu’ils ont utilisé leur montée sur la scène du théâtre d’Angoulême pour ouvrir celle-ci à une démonstration militante et sensible sur la précarité du statut d’auteur en France.
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Deux dessinateurs complémentaires
A la table à dessin, on trouve Fred Blanchard qui a créé le design du robot et de l’extraterrestre. Les boulons, les chaudières et les soufflets de ses créatures n’ont pas de secret pour lui. Habitué de la science-fiction et du dessin animé, il encourage et soutient le travail acharné d’Hervé Tanquerelle, chargé de dessiner et encrer les planches. Donnant vie aux tronches des personnages, au calme du désert et aux rues de Nantes, sa ville natale.
Un projet hybride
"Le dernier Atlas" est un livre paradoxal. Complexe et simple, grand public et pointu, le récit laisse la place à la fois à l’action spectaculaire et aux questionnements introspectifs. Une nature contradictoire que Fred Blanchard explique ainsi: "Venant de milieux un peu différents - de la bande dessinée plutôt d’auteur pour les uns, plutôt mainstream pour les autres -, nous avons voulu vraiment faire un projet éditorial hybride. Plus complexe que la moyenne des projets, soit dans une catégorie soit dans l’autre."
Une recette qui fait mouche et ne laisse au lecteur qu’un regret: qu’il faille attendre un an pour en lire le dénouement dans le troisième et dernier tome.
Didier Charlet/aq
"Le dernier Atlas", tome 2/3, Fred Blanchard, Gwen de Bonneval, Hervé Tanquerelle et Fabien Vehlmann. Éd. Dupuis.
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