Alexandre Voisard est entré dans le Larousse en 1989 mais il ne se préoccupe pas de sa communication. Depuis l’adolescence, il écrit, impérieusement, sans relâche. Il édite, régulièrement toujours et encore depuis 1954, la parution de son premier texte "Ecrit sur un Mur".
Rebelle et résistant
Alexandre Voisard, dit Coco, naît le 14 septembre 1930 à Porrentruy. Quand il a neuf ans, son père instituteur est mobilisé à la frontière. Marqué par l’expérience de la guerre, Coco entre en rébellion. Il fugue, il fait l’école buissonnière et donne du fil à retordre à ses parents. Il se cherche avant de trouver dans l’écriture le moyen d’évacuer, de réparer. A 17 ans, il s’engage dans le Rassemblement jurassien.
En 1967, 20 ans plus tard, à la fête du peuple, 40'000 personne entonnent avec lui son "Ode au pays qui ne veut pas mourir". Après la création du canton du Jura, il s’engage au parti socialiste. En 1979, il est élu député au Parlement jurassien et devient le premier délégué aux affaires culturelles. Plus tard, c’est au Conseil de la fondation de Pro Helvetia qu’il poursuivra son engagement pour la culture. Et toujours, il écrit…
"Frotter les mots"
Jour après jour, il griffonne des mots sur un des carnets qu’il a toujours à portée de main. Il lui faut "frotter les mots", comme il le dit. "
Je voulais être poète avant tout et rien d’autre.
Dans un premier temps Alexandre Voisard juge la prose indigne du poète. Il y viendra pourtant. Des nouvelles, des récits autobiographiques. Il a souvent réveillé les siens, les figures familiales, le père, les frères et soeurs et le grand-père. Il découvre le dessin et se révèle poète-peintre. Il aspire aussi à devenir conteur et réalisera finalement que la prose lui permet de "décrasser l’écriture". Il le prouve en livrant "Oiseau de Hasard", en 2013 chez Bernard Campiche, ou son roman "Notre-Dame des égarés", publié en 2017 chez Zoé et élu Prix du public RTS.
Et toujours, il écrit … comme un artisan des mots exigeant et jamais satisfait. "Quand je publie un recueil, je suis heureux mais je me dis à chaque fois que c’est encore trop compliqué, il faudrait simplifier davantage".
Les racines et la nature
Dès l’enfance, d’abord en famille, Alexandre Voisard patrouille le paysage qui borde Fontenais, le village où il grandit et où il élèvera ses cinq enfants avant de s’installer à Courtelevant après la retraite, à quelques kilomètres de l’autre côté de la frontière. Si on excepte une parenthèse genevoise de trois ans, quand jeune homme il rêvait de théâtre, il ne s’en lassera jamais. Dans ces forêts, dans ces prairies, au bord du petit étang non loin de chez lui, le poète s’émerveille et trouve l’inspiration.
Le poète est un interpellateur, il pose des questions, il les reformule.
Irréductible
Quand les Jurassiens l’avaient élu chantre du peuple, Alexandre Voisard ne voulait pas être réduit à un rôle de poète régional. "Je suis du Jura et de nulle part, je suis un citoyen de la terre". Très vite, Alexandre Voisard a visé l’universel. Il a guetté le monde à la porte de chez lui. La vie a chouchouté cet homme. Il reconnaît bien volontiers avoir souvent été là au bon moment.
Tour à tour employé des postes, engagé dans différentes firmes de la région, libraire, éditeur, politicien, académicien, mari et père dévoué, il ne perd jamais de vue l’écriture. Tout simplement cohérent.
Marlène Métrailler/mh
"Alexandre Voisard – les quatre coins du ciel", textes et dessins, une exposition à découvrir au Musée de l’Hôtel-Dieu de Porrentruy jusqu’au 22 novembre.