Quand Maurane Mazars était étudiante à la HEAD-Genève, son premier album "Acouphènes" lui avait valu le Prix Töpffer 2015 de la jeune BD. "Tanz", son deuxième album, suit les pas d'Uli, de l'Allemagne à Londres, puis à New York. On est en 1957. Le jeune homme suit les classes du Tanzstudio de la prestigieuse Université Folkwang, à Essen, en Allemagne. Un peu trop rigide à son goût. Le garçon roux, homosexuel et solaire, rêve de comédies musicales et de Broadway. Dans sa trace, Maurane Mazars rend un hommage éblouissant et étayé à la danse moderne et contemporaine.
L'autrice propose 237 pages d'aquarelles aériennes, fluides et denses tout à la fois. Elle parvient à saisir les mouvements chorégraphiques les plus complexes. Elle sait donner du rythme à son récit. Il déroule une alternance de cases muettes, de visions urbaines et de ballets dans une bande dessinée habitée de personnages consistants et attachants qui ont tous des combats à mener pour vivre librement leur pratique artistique.
A l'origine, Maurane Mazars n'est pas une grande spécialiste de la danse. "C'est une personne que je connais qui m'a fait remarquer un jour que j'adorais regarder les gens danser. En fait, je dessine souvent des gens en mouvement. Alors pourquoi ne pas faire une bande dessinée sur la danse?" A partir de là, l'autrice fait des recherches. Elle aime le travail de la danseuse et chorégraphe allemande Pina Bausch et les comédies musicales. Deux sujets qui se recoupent facilement et dont elle va faire le sujet de son nouvel album.
Genevoise d'adoption
D'origine française, Maurane Mazars a un grand attachement pour Genève où elle a vécu quatre ans. "J'ai fait mes premières armes au sein de la scène genevoise. Je connais une partie de ses autrices et de ses auteurs. Ce sont des gens que j'aime beaucoup. La scène genevoise est une scène très riche, très diverse, à laquelle je suis vraiment attachée. Peut-être que les Genevois qui m'entendraient dire que j’appartiens à cette scène diraient: 'mais pas du tout, elle est française'. (rires) Je ne veux pas me prétendre être ce que je ne suis pas, mais par contre quand on me rattache à cette scène, ça me touche beaucoup. Je suis très contente et j'espère être genevoise d'adoption un peu".
De Genève, elle a gardé des ami.e.s dans le collectif d'artistes genevois Casual Friday qui pratiquent le dessin sous toutes ses formes. "On essaie de travailler ensemble dès que possible", dit-elle. Elle garde aussi des contacts avec les membres du fanzine collectif La Bûche, qui a pour objectif de rendre visible et faire se rencontrer des dessinatrices de Suisse romande pratiquant la BD. "La revue ne publie pas forcément plusieurs fois les mêmes autrices, parce que son but est justement d'étendre la visibilité du plus grand nombre de femmes illustratrices. Mais par contre, La Bûche crée un réseau de sororité entre les autrices qui est très important et très estimable", conclut Maurane Mazars.
Marlène Métrailler/ld
"Tanz" de Maurane Mazars, éditions Le Lombard.