Sainte Kinga est la patronne des mineurs. Cette reine polonaise, béatifiée au XVII siècle, ne protège pas pour autant les protagonistes de cette histoire. Car ils explosent les uns après les autres, le corps couvert de sel, leur cadavre devenu bouillie. La police du canton se mobilise, on dépêche un négociateur, et le groupe d'intervention, le DARD, est en position.
Charlot semble bien décidé à obtenir tout ce qu'il a demandé: argent, bitcoins, et surtout réparation. Le preneur d'otage, caché sous son masque blanc et sa moustache, se montre inébranlable. Il exige, avec une volonté farouche, un permis de séjour pour un père Hazara exilé en Italie et des excuses d'un abbé influant pour propos homophobes et incitation à la haine. Plus curieux, il exigera ensuite que la salle Alexandre Dumas soit rebaptisée du nom d'Aaron Salzberg.
Un polar réussi
Marc Voltenauer nous entraîne sur les pas de ses personnages récurrents: Andreas Auer, son double de papier; son compagnon, Mikaël, journaliste; sa sœur, Jessica; sa collègue, Karine. Comme d'habitude, le personnel et le familial se mêlent à l'enquête en cours. Ici, c'est Adam, le neveu de l'inspecteur, qui se retrouve prisonnier dans la mine. Maîtrisant les codes du polar nordique, les transposant habilement dans le Chablais, Marc Voltenauer joue avec nos nerfs. D'une écriture serrée, de plus en plus affirmée, il nous enferme dans les galeries du Bouillet, pendant les 54 heures et 14 minutes que durent la prise d'otage.
"Les protégés de Sainte Kinga" est un polar réussi, sombre, haletant, étouffant, à l'image de cette mine, où les coups de grisou et les poches de gaz sont aussi dangereux qu'un homme prêt à mourir pour ses idées.
Catherine Fattebert/ld
Marc Voltenauer, "Les protégés de Sainte Kinga", Editions Slatkine et compagnie, octobre 2020.
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