Une 6e édition covido-compatible du Printemps de la poésie

En ces temps où les préoccupations sanitaires s'imposent, les organisateurs de la 6e édition du Printemps de la poésie prescrivent le PrimaPoetica (marque déposée), vaccin capable de prévenir la perte de goût littéraire. Dès l'équinoxe de printemps jusqu'au week-end pascal, une trentaine d'événements sont inscrits dans un programme plus condensé que celui des éditions précédentes.

Si les propositions numériques y sont majoritaires, des cures de plein air en présentiel sont aussi prescrites. Parmi elles, une série de performances à apprécier dans les rues de Lausanne, Fribourg et La Chaux-de-Fonds placées sous le label: "Au c(h)œur de la résistance, guérilla poésie". La performeuse Heike Fiedler entourée d'un chœur d'artistes y développe l'idée de résistance à travers un combat poétique mené par la seule puissance des mots.

Le présentiel, ce n'est pas forcément se retrouver dans un même lieu, mais ce peut être aussi créer un lieu par l'événement.

Soigner par les mots

Filant la métaphore sanitaire, Antonio Rodriguez propose d'autres vaccinations orales qui peuvent avoir lieu sur des plateformes de visioconférence. Ce sera le cas par exemple d'une soirée de gala ouverte à tous, sur Zoom, intitulée "Close poetry". Cinq réalisateur.rice.s y présenteront un clip vidéo inspiré par des textes de poètes vivant dans le pays, dits par des voix professionnelles. De quoi renouveler le genre de l'anthologie poétique sur le mode audiovisuel. Selon Antonio Rodriguez, "ce genre d'événements, où le public a la possibilité d’intervenir et d'échanger, offre de nouvelles manières d'être ensemble, autrement".

>> A écouter, l'entretien avec Antonio Rodriguez :

DR - Felix Imhof

La pandémie actuelle a placé au cœur des préoccupations les établissements hospitaliers. Dans cette nouvelle édition, Julie Delaloye, médecin et poétesse, reprend une action joliment nommée "La poésie sur un plateau". Quarante poètes romands ont soumis à cinq centres de soins plusieurs centaines de poèmes qui seront délivrés quotidiennement sur les plateaux-repas des patient.e.s et des soignant.e.s.

Depuis plusieurs années, la médecin et poétesse Julie Delaloye tente de relier le milieu des soins médicaux avec quelque chose qui soigne par les mots et leur agencement, c'est-à-dire la poésie.

L'Europe au centre de l'écriture

Lorsqu'il n'organise pas des événements littéraires, Antonio Rodriguez enseigne à l'Université de Lausanne et reste très actif dans la mise en réseaux des énergies poétiques à travers le monde. Il tient à son ancrage en Suisse romande, terre riche en tradition poétique, tout en restant en lien avec la poésie du monde entier. Il est aujourd'hui président de l'International Network for the Study of Lyric, sorte d'Internationale des poètes.

Ce souci de l'ancrage dans un territoire en relation avec l'entourage géographique l'a amené à écrire une trilogie européenne. Son troisième tome, "Europa Popula", est sorti récemment chez Tarabuste éditeur. Des fragments de proses poétiques y font entendre une voix inquiète face à l'émergence de ce qu'Antonio Rodriguez nomme l'"egopopulisme". Une question parcourt ce triptyque: comment faire tenir ensemble (étymologie du mot continent) ce qui ne cesse de se fragmenter?

Pour évoquer ses préoccupations, Antonio Rodriguez sera entouré de trois autres écrivain.e.s qui ont placé l'Europe au centre de leur écriture: Laurent Gaudé, Camille de Teledo et Aurélia Lassaque. Cette rencontre aura lieu dimanche 21 mars, dans le cadre du Printemps de la poésie, lors de la Journée mondiale de la poésie parrainée par l'UNESCO. Une belle manière de célébrer l'arrivée des beaux jours. Ensemble.

Jean-Marie Félix/ld

"Europa Popula" d'Antonio Rodriguez, éditions Tarabuste.

Le Printemps de la poésie édition 2021, du 20 mars au 3 avril.

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