Auteure d'une cinquantaine d'ouvrages, traduits dans une trentaine de langues, Nawal al-Saadawi s'est toujours prononcée contre la polygamie, le port du voile islamique, l'inégalité des droits de succession entre hommes et femmes en islam et surtout l'excision, qui concerne plus de 90% des Égyptiennes.
"Je ne me soucie pas des critiques universitaires ou du gouvernement, je ne cherche pas les prix", avait déclaré dans un entretien à l'AFP en 2015 cette psychiatre de formation, célèbre pour ses convictions de gauche et anti-islamistes.
Des positions audacieuses
Son franc-parler et ses positions audacieuses sur des sujets jugés tabous par une société égyptienne largement conservatrice lui ont valu des ennuis avec les autorités, les institutions religieuses et les islamistes radicaux. Par le passé, elle a d'ailleurs été accusée d'apostasie et d'atteinte à l'islam.
"La jeunesse, en Egypte et à l'étranger, m'a toujours couverte d'amour et de reconnaissance", avait souligné Nawal al-Saadawi, dont le tempérament d'acier tranchait avec sa frêle silhouette, son élégante chevelure blanche et son sourire chaleureux.
Une oeuvre féministe attaquée en Egypte
Née le 27 octobre 1931, Nawal al-Saadawi est notamment l'auteure de deux livres féministes de référence dans le monde arabe: "Au début, il y avait la femme" et "La femme et le sexe".
En 2007, l'institution théologique Al-Azhar, l'une des plus prestigieuses de l'islam sunnite, portait plainte contre elle pour atteinte à l'islam. Un mois plus tôt, son autobiographie et l'une de ses pièces de théâtre avaient été bannis de la foire du Livre du Caire. Elle avait alors quitté le pays, avant d'y revenir en 2009.
Nawal al-Saadawi était une farouche opposante aux fondamentalistes religieux. Dans les années 1990, l'apparition de son nom sur une liste de personnalités à abattre, dressée par des milieux extrémistes islamistes, l'avait poussée à s'installer aux Etats-Unis de 1993 à 1996, où elle enseigna alors à l'université de Dukes.
ats/ther