Deux siècles après sa naissance, George Sand fascine encore et toujours. Avant-gardiste en son temps, elle est toujours aussi moderne aujourd'hui. Plus que jamais? "Oui pour plein de raisons…" Valentina Ponzetto, professeure assistante de littérature à l'Université de Lausanne (UNIL) et spécialiste de Georges Sand approuve sans hésiter. "Son féminisme, son envie d'être libre, d'être elle-même (…) C'était une femme engagée, une grande autrice, une écologiste avant la lettre (…) Elle s'est battue pour le droit des femmes, pour les droits du peuple. Elle était républicaine à l'époque où la France était encore une monarchie, donc oui, elle était en avance sur son temps." En témoignent aujourd'hui deux bandes dessinées, qui abordent de manière très différente le destin singulier de cette autrice pionnière.
>> A écouter, l'entretien avec Valentina Ponzetto:
Une famille recomposée
Amantine Aurore Lucile Dupin de Francueil naît le 1 juillet 1804 à Paris. Et déjà elle se singularise. Son père, bien né Maurice Dupin, et sa mère Victoire Delaborde, fille d'un modeste oiseleur, se sont mariés à peine un mois plus tôt. Discrètement et contre les volontés de sa grand-mère paternelle opposée à cette mésalliance.
Elle voit le jour dans une famille recomposée. Elle a une demi-sœur, Caroline, du côté de sa mère et un frère naturel, Hippolyte de 5 ans son aîné, que son père n'a jamais reconnu. En été 1808, la famille se réfugie à Nohant, le château paternel situé dans la campagne du Berry. Aurore a 4 ans et elle rencontre sa grand-mère pour la première fois.
Vous suivez? C'est compliqué et ce n'est que le début: septembre 1808, quelques jours plus tard, son petit-frère Auguste, aveugle de naissance, décède une semaine avant son père Maurice. Toute sa vie – relativement longue – se poursuivra ainsi. Passionnément, intensément, amoureusement et toujours à contre-courant. Notamment à la fin des années 1820, quand elle choisit de circuler à Paris habillée en homme avant de choisir un pseudonyme masculin, George Sand, pour pouvoir écrire librement comme un homme de son temps.
George Sand est un continent à elle toute seule.
Deux albums qui se complètent
On mesure ainsi la gageure que représente le pari de livrer cette biographie en bande dessinée. Au prix d'expéditions dans les milliers de documents, lettres et la bonne centaine d'ouvrages laissés par Georges Sand, les autrices des deux albums qui viennent de paraître y parviennent. Valentina Ponzetto, professeur de littérature à l'UNIL et spécialiste de Georges Sand, le confirme et souligne avec enthousiasme la rigueur et la richesse de ces deux aventures éditoriales.
"George Sand - Ma vie à Nohant", signé Chantal Van den Heuvel et Nina Jacqmin, se concentre sur le Château de Nohant, le pivot de la vie de Sand. Concis et émotionnel, il est parrainé par le Centre des monuments nationaux. "George Sand - Fille du siècle", signé Séverine Vidal et Kim Consigny, plus linéaire et plus littéraire, se déroule sur 334 pages. Abondamment étayé, il reflète toutes les facettes de George Sand.
Les deux albums se complètent et offrent un passionnant voyage dans le sillage de l'une des figures majeures de la littérature française.
Marlène Métrailler/ld
Chantal Van den Heuvel et Nina Jacqmin, "George Sand - Ma vie à Nohant", Ed. Glénat.
Séverine Vidal et Kim Consigny, "George Sand - Fille du siècle", Ed. Delcourt.
Vous aimez lire? Abonnez-vous à QWERTZet recevez chaque vendredi cette newsletter consacrée à l'actualité du livre préparée par RTS Culture.