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Un vieil homme et la nature au coeur du roman tessinois de Fabio Andina

Fabiano Andina. [DR - Malik Andina]
Jours à Leontica, Fabio Andina / Vertigo / 4 min. / le 10 mai 2021
"Jours à Leontica", premier roman de Fabio Andina traduit de l’italien par Anita Rochedy, décrit le quotidien de Felice, nonagénaire qui vit dans un village de la Vallée de Blenio. L’essentiel et rien d’autre.

Suivre du matin au soir les gestes, les déplacements et les événements qui rythment la journée de Felice ("Heureux", en italien), c’est ce que fait le narrateur du premier roman de Fabio Andina, avec la permission de l’intéressé, bien sûr.

On ne sait pas grand-chose de Felice, autrefois marié, sans enfant. Il roule dans une Suzuki qui peine à démarrer et il vit dans la "baita" où il est né. Tous les matins que Dieu fait, à 5h15, il grimpe un sentier de montagne, sa savonnette à la main, pour aller se baigner, nu, dans une "gouille" dont lui seul connaît l’emplacement. Ensuite, il se sèche au vent avant de redescendre au village, saluant au passage Sosto, affairé à la première traite, l’âne de la Vittorina qui brait en le voyant, puis il allume son poêle pour préparer le petit déjeuner: tisane, pain et châtaignes.

Le ciel voilé par la brume argentée commence à peine à s’éclaircir et la neige resplendit, d’un gris glacé.

"Jours à Leontica", de Fabio Andina

Des gestes répétés depuis des décennies, des journées à la fois tranquilles et bien remplies: balayer la cuisine, ramasser les kakis, jeter les épluchures au compost, acheter le minimum chez le Marietto, l’épicier de Leontica, manger le plat du jour à la Trattoria del Passo, feuilleter les journaux et constater que "le monde est toujours aux mains des mêmes deux trois margoulins." Couper du bois, s’asseoir sur le banc devant la maison, contempler les nuages, faire la soupe et … se coucher. A Leontica, le temps ne file pas, il imprime son rythme au quotidien.

>> A écouter, l'entretien avec Anita Rochedy, traductrice de "Jours à Leontica" :

Anita Rochedy. [Fondation Jan Michalski - Tonatiuh Ambrosetti]Fondation Jan Michalski - Tonatiuh Ambrosetti
Entretien avec Anita Rochedy, traductrice du roman de Fabio Andina "Jours à Leontica" aux éditions Zoé / QWERTZ / 25 min. / le 11 mai 2021

L’absence de jugement


C’est une manière d’être au monde, frugale et "sans chichis" qu’observe Fabio Andina, dans une langue sobre, précise et imagée, dont la traductrice, Anita Rochedy, a gardé les mots en patois tessinois ou les termes locaux qu’elle a traduits par des équivalents romands tels que "parquer" ou "s’encoubler".

Je me sens à ma place, il ne me viendrait pas à l’idée de dire quoi que ce soit, comme ça, juste pour meubler.

"Jours à Leontica", de Fabio Andina

Ancrées dans ce village blotti au pied des Alpes tessinoises, les vies minuscules qui s’entrecroisent dans le livre révèlent un sens de l’entraide, une tolérance qui, sans exclure les commérages ou les bisbilles, fait place aux marginaux et aux faibles d’esprit. Une philosophie de vie que le Felice résume ainsi: "Chacun est comme il est, c’est ce qui fait que le monde est beau. L’important, ce n'est pas de savoir qui est malade ou en bonne santé, qui est beau ou qui est moche. L’important, c’est le respect réciproque". Des propos chaque jour mis en pratique par ce héros rugueux et généreux. 

Geneviève Bridel/mh

Fabio Andina, "Jours à Leontica", traduction signée Anita Rochedy, éditions Zoé

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