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Le ténébreux Corto Maltese débarque au 21e siècle dans "Océan noir"

"Corto Maltese - Ocean Noir", Hugo Pratt, Martin Quenehen, Bastien Vivès. [Casterman/Hugo Pratt/Martin Quenehen/Bastien Vivès]
Avec "Océan noir", Corto Maltese prend un coup de jeune. / 19h30 / 2 min. / le 1 septembre 2021
Personnage mythique de la bande dessinée, le marin Corto Maltese est de retour sous le trait de crayon de Bastien Vivès. Vingt-six ans après la mort de son créateur Hugo Pratt, l'auteur français de 37 ans transporte le héros ténébreux en 2001.

Bastien Vivès, 37 ans, n’a pas eu peur de s’attaquer au mythe créé par l'auteur italien Hugo Pratt (1927-1995) dans les années 1960. "Corto Maltese est un personnage contemporain, qui pourrait être mis dans n’importe quelle époque et cela fonctionnerait toujours. C'est pour cela que pour moi, Pratt n’a pas créé un héros, mais un mythe", indique à la RTS l'auteur de BD français qui signe "Océan noir".

Nouveau look pour Corto Maltese

Sous son trait de crayon, Corto Maltese s’en trouve rajeuni mais toujours aussi beau et mystérieux. Désormais pirate, il a l'apparence d'un jeune de vingt ans. "Il est complètement à l’opposé de moi; c’est quelqu'un qui va vers les gens, qui discute et qui sait réagir au bon moment, de la bonne manière. Je ne peux que fantasmer un personnage comme lui", explique le dessinateur.

Pour son album, Bastien Vivès a collaboré avec le scénariste Martin Quenehen, avec lequel il avait déjà réalisé la bande dessinée "Quatorze juillet" en 2020. Au programme de leur nouveau projet, plus de suspense et plus d’action pour le héros maltais.

L’action, c’est en effet ce que Bastien Vivès préfère chez Pratt. "C'est un très bon dialoguiste, il excelle dans les portraits, mais dans l'action il arrive à insuffler une violence et une efficacité qui donnent encore plus d'ampleur à son dessin".

Du papier à la tablette

Bastien Vivès a donc dessiné sur sa tablette le personnage ténébreux, à sa sauce. Un pari osé, et une casquette blanche à la place du fameux Brixton que le marin portait sous le trait d’Hugo Pratt en 1967. "J’ai beaucoup travaillé pour ne pas pâlir de la comparaison avec Pratt, et surtout pour qu'on se dise 'c’est autre chose', et qu’on accepte cet 'autre chose'".

Pour Roland Margueron, responsable de la galerie consacrée au neuvième art Papiers Gras à Genève, la bande dessinée de Bastien Vivès est une réussite car l’artiste n’a pas cherché à copier-coller l’original: "il a pris les histoires d’Hugo Pratt avec un nouveau scénario, en faisant du Bastien Vivès, mais on retrouve l’esprit de Pratt. C’est cela qui compte." Et de continuer: "Pratt est l’un des premiers, si ce n’est le premier dessinateur, à avoir transcendé la bande dessinée. Ce n’est pas pour rien qu'une fois, Corto Maltese était l’emblème de la biennale d’art contemporain de Venise!"

Reprise du mythe avec intelligence et brio, la BD "Océan noir" risque de bousculer les puristes.

Sujet TV: Gilles De Diesbach et Adeline Percept

Adaptation web: ms avec afp

Bastien Vivès, "Océan noir", éd. Casterman.

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