François-Henri Désérable se penche sur la passion amoureuse dans "Mon maître et mon vainqueur"

Avec "Mon maître et mon vainqueur", paru aux éditions Gallimard, François-Henri Désérable exhume Verlaine et sa passion pour Rimbaud, nous en apprend une bien bonne sur le cœur de Voltaire et livre avec suspens une exégèse de la passion amoureuse à travers les personnages de Tina et Vasco, que l’on pourrait résumer ainsi: "Ils n’avaient rien pour se plaire; ils se plurent pourtant, s’aimèrent, souffrirent de s’être aimés, se désaimèrent, souffrirent de s’être désaimés, se retrouvèrent et se quittèrent pour de bon". Déroutant? Passionnant, émouvant et très fin. Car François-Henri Désérable n'a pas son pareil pour embarquer son lecteur dans ses récits labyrinthiques, mêlant astucieusement faits historiques et réalité contemporaine.

Avant de devenir écrivain, ce natif d'Amiens est d’abord hockeyeur professionnel et commence même une thèse en droit.  Il se consacre à la littérature depuis qu’il reçoit, à 25 ans, un prix de l’Académie française en imaginant les derniers moments des grandes figures de la révolution dans "Tu montreras ma tête au peuple", publié chez Gallimard.

Un hommage à Romain Gary

Son deuxième roman dédié à la vie romancée du mathématicien prodige Evariste Gallois, mort en duel à 20 ans, fait de lui la révélation littéraire en 2015. Deux ans plus tard, "Un certain M. Pielkieny", hommage à Romain Gary et enquête sur les traces de la "souris triste" de Wilno évoquée dans "La Promesse de l'aube", est le seul roman sélectionné pour les six grands prix littéraires de la rentrée.

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Avec "Mon maître et mon vainqueur", un titre emprunté à Verlaine, l'écrivain français dissèque la passion amoureuse pour en scruter les mécanismes et les ressorts. Pourquoi? "Car cela m'est arrivé. J'ai éprouvé une passion amoureuse, la raison a rendu les armes et je ne pouvais écrire quoi que soit d'autre sur ce sujet. Il m'a semblé nécessaire de tenter de restituer les sentiments qui m'avaient animé dans une fiction qui tourne autour de la poésie" indique François-Henri Désérable à la RTS.

La poésie enrobée de fiction

Et de poésie, il en est beaucoup question dans cet ouvrage. "Après ma rupture amoureuse, j'ai commencé à écrire des poèmes et mon intention initiale était d'en publier un recueil. Et puis je me suis ravisé, j'ai décidé d'en faire un roman. J'ai pris un certain nombre de ces poèmes et je les ai enrobés de fiction. J'ai décidé de faire passer de la poésie en contrebande dans de la fiction".

Et si la poésie vous effraie, il n'y a pas de quoi. François-Henri Désérable se moque de la passion amoureuse, et en même temps la sublime, comme dans ce poème écrit par Vasco:

mon insomnie continuelle
la zizanie perpétuelle
la symphonie habituelle
de mes nuits:
le vert inouï
de tes yeux
(et en plus ils sont deux)

Le roman est rempli de traits d'humour, de loufoqueries, le ton est allègre et enjoué. Pour éviter de "lester d'une seconde couche de gravité un sujet déjà pesant, la rupture amoureuse", explique l'auteur.

Sujet TV: Cecilia Mendoza

Adaptation web: Melissa Härtel

François-Henri Désérable, "Mon maître et mon vainqueur", éditions Gallimard.