Le livre de Christine Angot est une sorte de remise à plat de son histoire. Il suit sa narratrice de l’âge de 13 ans, lorsqu’elle rencontre son père pour la première fois, jusqu’à aujourd’hui, en adoptant son point de vue et en faisant partager son désarroi et ses interrogations au fil des années. Angot parvient très bien à démontrer à quel point l’inceste détruit une personnalité et on mesure dans quelle immense solitude se retrouve une petite fille abusée.
"Le voyage dans l’Est", paru chez Flammarion, est aussi et surtout un texte précis où chaque mot est savamment pesé. Une construction qu’on devine extrêmement pensée où Christine Angot a disséminé des scènes présentes dans ses livres précédents, qui sont autant de liens vers les différentes étapes de son œuvre, mais en les retravaillant, comme si elle les éclairait d’une lumière nouvelle. De ce fait-là, toutes sortes de questions formelles surgissent, à propos du point de vue ou de la temporalité, qui font de ce livre un de plus intéressants travaux littéraires de la rentrée. Le jury du Prix Médicis ne s'y est pas trompé.
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Etre soutenue
Interrogée par la presse, Christine Angot, 62 ans, a dit être heureuse pour ceux qui l'entourent. "Ça compte vraiment (...) C'est-à-dire qu'il y a des gens qui sont là, qui vous aident, qui vous soutiennent, qui manifestent qu'ils sont avec vous", a-t-elle expliqué.
"Quand vous écrivez vous êtes absolument seule et c'est très bien comme ça, et c'est aussi ce qui m'intéresse dans le fait d'écrire. Mais moi il y a des gens qui me disent: on est là, on entend, on lit, on voit, on comprend, on soutient", a-t-elle ajouté. "Je suis soutenue depuis très longtemps, en fait".
Deux livres sur l'immigration récompensés
Le Suédois Jonas Hassen Khemiri remporte pour sa part le prix dans la catégorie des romans étrangers pour "La Clause paternelle" édité chez Actes Sud. L'ouvrage raconte les tiraillements d'un trentenaire suédois d'origine étrangère qui va remettre en cause l'autorité de son père immigré.
Enfin, Jakuta Alikavazovic s'empare du prix Médicis essai pour "Comme un ciel en nous" paru aux éditions Stock. Ce livre, dans une collection qui raconte les nuits d'écrivains au musée, en l'occurrence celui du Louvre, est une exploration de l'histoire personnelle de l'autrice, fille d'exilés arrivés de Yougoslavie à Paris.
ats/mh