A 28 ans, Vincent Lacoste, actuellement à l'affiche des "Illusions perdues" réalisé par Xavier Giannoli, a déjà une trentaine de films à son actif. Une belle carrière qui n'aurait sans doute jamais vu le jour si le jeune Français n'avait pas été repéré par hasard dans la cour de son collège à l'âge de 14 ans.
Nous sommes alors en 2008 et le bédéiste Riad Sattouf ("L'Arabe du futur", "Les cahiers d'Esther") décide de se lancer dans la réalisation d'un premier film. Passionné par la période de l'adolescence, il estime qu'elle était la plupart du temps mal représentée dans les séries et les films. "Ce sont le plus souvent des bellâtres ou des filles somptueuses de 20 ans ou plus qui jouent des adolescents et adolescentes de 14 ans", explique-t-il à la RTS.
Un adolescent timide et complexé
Il décide donc de proposer un film plus réaliste sur cette période de la vie et part à la recherche d'adolescents crédibles, de "véritables tronches, de véritables physiques", en organisant des castings sauvages dans les collèges et lycées.
C'est là qu'il croise la route de Vincent Lacoste, un jeune garçon timide et complexé de 14 ans qui n'a jamais imaginé ni rêvé devenir acteur. Riad Sattouf raconte que lorsqu'il a vu Vincent pour la première fois, il a "vraiment eu l'impression qu'un de [ses] dessins avait pris vie. Il était à la fois grand et petit, mou et très dynamique (...). Il avait un côté très enfantin et quand même déjà viril".
J'avais envie dans cette BD de raconter l'histoire de cet ado qui n'avait rien demandé à personne et qui s'est retrouvé propulsé dans le cinéma"
Vincent Lacoste accepte de jouer le rôle principal du film "Les beaux gosses" de Riad Sattouf, sorti en 2009. Une première prestation remarquée pour laquelle il obtient le prix Lumières 2010 du meilleur espoir masculin et une nomination dans la même catégorie lors des César. Sa carrière est lancée et les tournages s'enchaînent, faisant de lui une précoce star du cinéma français.
Une relation filiale
Durant le tournage des "Beaux gosses", les deux hommes établissent une relation quasi filiale. "A l'époque, je n'avais pas encore d'enfant. Il a été la première personne dont je me suis senti un petit peu responsable. Je ne souhaitais pas qu'il détruise sa vie à cause du cinéma. J'avais donc tendance à ne jamais lui faire de compliments, je le surveillais, je voulais qu'il passe son brevet et son bac", explique le bédéiste.
Les années passent et Riad Sattouf observe l'évolution professionnelle de Vincent Lacoste, tout en recueillant les anecdotes que lui raconte son ami sur sa vie d'acteur. Lui vient alors l'idée de mettre tout cela en image. Un projet présenté comme "l'histoire vraie d'un adolescent anonyme devenu l'un des acteurs les plus talentueux de sa génération" prend alors vie à travers ce roman graphique. "Le jeune acteur 1: aventures de Vincent Lacoste au cinéma" vient de paraître dans la toute nouvelle maison d'édition de Riad Sattouf, Les Livres du futur.
Un projet prévu sur le long terme
Dans ce premier tome, on suit Vincent Lacoste de la cour de son collège au plateau de tournage du film, et on découvre avec lui la vie d'acteur et le monde très particulier du cinéma. Deux autres volumes sont déjà prévus pour compléter la série. Mais Riad Sattouf ne veut pas s'arrêter là et espère pouvoir raconter la suite de la carrière de Lacoste.
"J'aime les projets sur le long terme", confie-t-il tout en rigolant déjà en s'imaginant à l'âge de 90 ans écrire "Le vieil acteur", dernier volume de la série sur un Vincent Lacoste âgé alors de 76 ans.
Propos recueillis par Pierre Philippe Cadert
Adaptation web: Andréanne Quartier-la-Tente
"Le jeune acteur 1: aventures de Vincent Lacoste au cinéma", Riad Sattouf, éditions Les Livres du futur.
Riad Sattouf est à lʹhonneur au Geneva international film festival (GIFF), où il anime une masterclass le 13 novembre 2021 et reçoit le Prix "Film & Beyond" décerné par le festival le même jour.
"Les beaux gosses" et "Jacky au royaume des filles", deux films de Riad Sattouf qui sont également à (re)découvrir dans les salles du GIFF.