Sylvain Tesson: "Observer les animaux, c'est échapper à la logique du tout, tout de suite"
"La Panthère des Neiges" est une quête, une ode à l'animal, à la patience et à l'essentiel. Sylvain Tesson s'éloigne avec cette oeuvre de la réalité, qu'il s'agisse du Covid-19 ou encore des campagnes électorales dans son pays, la France.
"J'y échappe complètement et c'est pour ça que je me trouve très heureux", explique-t-il sur le plateau du 19h30. Très tôt dans sa vie, l'aventurier a enchaîné voyages et expéditions, dans des conditions souvent extrêmes dont il rapporte des carnets ou des films. Une façon pour lui de trouver le calme dans un monde en ébullition.
Choisir entre l'arrêt et le mouvement
Mais cette liberté que l'écrivain se donne a un prix: celui de choisir entre l'arrêt et le mouvement. "Quand on dévoue sa vie au mouvement et au voyage, on renonce à bâtir un foyer. Alors un jour, je finirai ma vie au pied d'un arbre en me disant que j'ai beaucoup circulé et que j'ai été très heureux, mais qu'il n'y aura aucun enfant qui viendra pleurer sur ma tombe", confie-t-il.
Le tout, tout de suite
Dans "la Panthère des Neiges", le monde semble suspendu. L'écrivain explique qu'aujourd'hui "on ne sait plus attendre, parce que nous demandons au monde de nous donner tout de suite ce que nous voulons". En observant les animaux, on se trouve ainsi à l'opposé de cette façon de penser et de vivre. On choisit d'attendre et on accepte que la panthère ne se montrera peut-être pas, "qu'il n'y aura peut-être rien, jamais".
Pour Sylvain Tesson, c'est dans l'intervalle de l'attente qu'on découvre des choses sur soi. Toutefois, il explique qu'avec ce film son équipe et lui-même n'ont pas la vocation de livrer un message. Le but est que "le public prenne plaisir et se rende compte de combien l'homme est fou de ne pas être davantage conservateur, dans tous les sens du terme", conclut-il.
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Propos recueillis par Jennifer Covo
Adapattion web: Andreia Portinha Saraiva