La bande dessinée jeunesse "Mortelle Adèle" est l'histoire d'un succès. Dix-huit tomes sont parus depuis son lancement en 2013, pour un total de plus de sept millions d'exemplaires vendus à travers le monde. En plus de la BD, les aventures de la petite fille se déclinent aujourd'hui en romans, en livres audio ou en jeu de cartes. Une réussite qui doit beaucoup à la personnalité revêche de la jeune héroïne.
Un personnage en guerre contre les clichés de genre
Adèle fait des pets atomiques, déteste les poupées, le shopping, les paillettes et les princesses. Cette fillette tord le cou aux stéréotypes associés à la féminité. Une dimension qui s'ajoute au profil transgressif et désobéissant, caractéristiques des héros et héroïnes de la littérature jeunesse depuis toujours.
"C'est une petite psychopathe, un personnage hyper grinçant, qui passe son temps à comploter pour pourrir la vie des gens autour d'elle", résume sur la RTS Guillaume Colié, libraire au rayon bande dessinée chez Payot à Genève.
Adèle moins subversive que Fifi Brindacier
Rebelle, libre, insoumise et avec des couettes rousses, "Mortelle Adèle" rappelle une autre figure féministe bien connue de la littérature enfantine: Fifi Brindacier. Mais, pour Mathilde Lévêque, maîtresse de conférences à l'Université Sorbonne Paris Nord et spécialiste en littérature jeunesse, Adèle va moins loin dans la subversion que l'héroïne suédoise.
"Fifi Brindacier vit toute seule, sans papa, sans maman, et elle trouve ça très chouette. Fifi ne va pas à l'école. Adèle a deux parents, elle vit dans une maison, avec un jardin, avec un animal de compagnie. Elle va à l'école. On a des éléments de rapprochement, mais toujours cette transgression qui reste dans un certain cadre, dans certaines limites", analyse la spécialiste sur la RTS.
Reste que son profil peu genré plait autant aux petites filles qu'aux petits garçons et constitue sans doute une des explications de son succès.
Céline Fontannaz/sb
Mr Tan et Diane le Feyer, "Mortelle Adèle" (bayard jeunesse).