D'après le comptage du magazine Livres Hebdo, "la rentrée d'hiver 2022 sera peuplée de 545 romans", le nombre le plus élevé depuis 2015. Parmi eux, 385 en français, "record depuis 2013".
Une tradition (ou une superstition) veut que les années d'élection présidentielle française, publier au printemps revienne à prendre un risque. Il serait donc plus sûr de le faire en janvier ou février, avant que la politique ne monopolise l'actualité.
Pour les libraires, qui reçoivent de grosses quantités de livres différents en quelques semaines, une certitude: seule une petite partie trouvera un lectorat nombreux. Certains s'en sortiront et une bonne partie sombrera vite dans l'oubli, malheureusement pour les auteurs.
Têtes d'affiche
Un roman à la couverture blanche immaculée occupera une place de choix: "Anéantir", de Michel Houellebecq (Flammarion), qui sort vendredi à 300'000 exemplaires. Il a bénéficié d'une couverture médiatique fournie.
Houellebecq a pour concurrents de multiples lauréats, comme lui, du prix Goncourt dans les années 2010. Cela va d'Eric Vuillard ("Une sortie honorable", Actes Sud), qui dénonce le capitalisme colonial indochinois, à Leïla Slimani ("Regardez-nous danser", Gallimard, la suite du "Pays des autres"), en passant par Pierre Lemaitre ("Le Grand Monde", Calmann Lévy) et Nicolas Mathieu ("Connemara", Actes Sud).
Autres têtes d'affiche: Frédéric Beigbeder ("Un barrage contre l'Atlantique", Grasset), Philippe Besson ("Paris-Briançon", Julliard), David Foenkinos ("Numéro deux", Gallimard) ou Pascal Quignard ("L'Amour la mer").
Parmi les romans étrangers, le Japonais Haruki Murakami publie chez Belfond des nouvelles ("Première personne du singulier") et des souvenirs illustrés de son père ("Abandonner un chat"). L'Albanais Ismail Kadaré ressuscite Staline et l'écrivain Boris Pasternak ("Disputes au sommet", Fayard, 5 janvier).
Contrairement à la France, la rentrée de janvier ne sera pas particulièrement abondante pour l'édition romande. A signaler le dernier roman d'Aude Seigne "L'Amérique entre nous" (Zoé). Quant au nouveau roman de Joël Dicker, il faudra attendre le mois de mars.
2021, une année record
En 2021, les ventes, doptées par la pandémie, ont été exceptionnelles. Et quand le livre va bien, la tentation est grande pour les éditeurs d'en profiter. Donc de publier beaucoup.
"Par rapport à 2020, le retour en librairie a été extrêmement puissant. Et si on regarde les chiffres par rapport à 2019, c'est-à-dire avant la pandémie, la croissance cette année [en 2021] est autour de 19%", relevait en décembre sur franceinfo le président du Syndicat national de l'édition Vincent Montagne.
De son côté, le directeur de Payot, Pascal Vandenberghe, annonce + 8,7% de ventes en 2021 par rapport à 2019, alors qu’il y a eu six semaines de fermeture. Il estime donc à 12-13% cette augmentation si l'on tient compte du nombre de semaines d'ouverture. Par le passé, Payot avait des variations de -2 à +2%, mais pas davantage.
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