"Les voix", deux scénaristes et dix-neuf dessinatrices pour une BD féministe

Lisa, la vingtaine, une coursière à vélo qui vit en colocation, s'engage pour la cause féministe et la cause environnementale. En conflit avec une mère plutôt conservatrice, la jeune femme découvre le passé militant de sa grand-mère alors que celle-ci se retrouve en EMS. Cette enquête familiale la rapproche de son aïeule, mais aussi de sa mère.

Cette histoire de sororité intergénérationnelle qui crée du lien entre trois générations de femmes est sortie de l'imagination des deux scénaristes de la bande dessinée "Les voix", l'anthropologue Sarah Waeber et la muséographe et médiatrice culturelle Sabrina Martinez.

D'un film à une BD

A l'origine, ce travail répondait à un appel à projets sur le thème du cinquantenaire du droit de vote des femmes en Suisse. Sarah Waeber et Sabrina Martinez y répondent avec une proposition audiovisuelle. Le projet n'aboutit pas, mais les deux femmes souhaitent le poursuivre. De l'image animée, elles envisagent de le transposer en images figées.

La dessinatrice Fanny Vaucher, membre du collectif d'autrices suisses de BD La bûche, est approchée. Mais son emploi du temps ne lui permet pas de mettre en cases les dix-huit chapitres du projet. L'artiste a alors une idée qui va devenir essentielle à l'ouvrage "Les voix": proposer aux membres de La bûche de dessiner la BD collectivement.

Une BD à trente-huit mains

L'enthousiasme est tel que les scénaristes doivent ajouter un chapitre pour répondre positivement aux dix-neuf dessinatrices désireuses de s'associer au projet. Dix-neuf dessinatrices pour dix-neuf chapitres. La diversité des traits pour raconter la diversité de voix féminines sur une période couvrant pas loin de trois quarts de siècle.

Par cette complexité et ses nuances, l'ouvrage évite le biais de la moralisation. Lisa, la jeune femme pleine d'idéalisme, fait miroir à une grand-mère anciennement militante, mais qui a été rattrapée par la maternité dans une époque où les enfants étaient une affaire de femmes.

"Je pense qu'on peut être femme au foyer et féministe. Il y a plusieurs manières de l'être, confie Sabrina Martinez à la RTS. S'engager pour une cause, ça demande du temps. Et le temps, c'est aussi avoir un certain luxe quand on travaille, quand on a des enfants. Le but était de montrer aussi les dilemmes que l'on peut avoir par rapport à ça."

Sujet radio: Florence Grivel

Adaptation web: sb

Sarah Waeber, Sabrina Martinez et le collectif La bûche, "Les Voix".

Des planches originales de la BD sont à découvrir dans l’exposition "Womanhouse 2021" qui se tient jusqu'au 30 janvier 2022 au Manoir de la Ville de Martigny.