La légende dit que Valérian est né dans un abri en 1944, lorsque Jean-Claude Mézières et Pierre Christin, alors tout jeunes gamins, divaguaient en attendant la fin des alertes aériennes. En tout cas, les deux compères ne se sont jamais vraiment quittés depuis leur enfance à Paris. Qui aurait pu prédire que ces deux-là, qui aimaient tant s’échanger leurs romans de science-fiction, allaient révolutionner le genre quelques décennies plus tard ?
Pourtant, ce qu’aimait Jean-Claude Mézières, c’était le western. A 15 ans, il réalise plusieurs planches qu’il soumet à l’éditeur Casterman. Il y raconte les aventures d’un cowboy aux allures de Lucky Luke. Le projet est refusé non sans les félicitations d’Hergé lui-même. Passionné par le dessin, c’est logiquement que Mézières commence les Arts Appliqués, avec comme camarade de classe un certain Jean Giraud, auteur plus tard de "Blueberry" et de "L’Incal".
Mais la bande dessinée, en ces temps-là, n’a pas droit de cité au sein des écoles d’art. Mézières autant que Jean Giraud s’y ennuient ferme et sèchent les cours. Mézières délaisse le dessin. Il est engagé dans une agence de publicité en tant qu’homme à tout faire, il y expérimente la photographie.
Mézières rêve d'Amérique
Depuis gamin, Mézières rêve d’Amérique. Il y partira en 1965, avec la ferme intention d’expérimenter la vie de cow-boy. Il commencera d’ailleurs son voyage en tant que garçon de ferme dans le Montana. Puis, il rejoint Pierre Christin, qui donne des cours sur "la nouvelle vague" à Salt Lake City. C’est à ce moment-là qu’ils réaliseront leurs six premières planches, commandées par l’hebdomadaire Pilote, Christin au scénario, Mézières au dessin. Le duo s’installe, "Valérian" pointe à l’horizon.
Quand Jean-Claude Mézières revient à Paris en 1966, il rencontre René Goscinny, scénariste d’"Astérix", alors rédacteur en chef du journal Pilote. Il dessine un premier scénario trop directif pour lui. Un peu frustré par cette expérience, il propose de créer ses propres histoires. L’autre légende dit que Mézières rattrape Christin sur un quai de gare, ouvrant la voie à la naissance de "Valérian".