Reto Hänny, 75 ans, a beaucoup voyagé et exercé différentes professions tout au long de sa vie, comme chevrier, enseignant ou technicien de scène au théâtre de Coire, a indiqué jeudi l'Office fédéral de la culture (OFC).
En 1979, cet homme, né à Tschappina (GR), a publié son premier ouvrage "Ruch. Ein Bericht" - dans lequel "Ruch" est une anagramme de Chur, le nom allemand de la ville de Coire - suivi de "Zürich, Anfang September", un reportage sur la révolte des jeunes à Zurich en 1980.
"Sobre, mais d'une grande intensité"
Son œuvre littéraire, qui va de pair avec son dévouement à la musique nouvelle et aux arts visuels, "est sobre mais d'une grande intensité", lit-on dans le communiqué. Reto Hänny, qui vit et travaille entre Zollikon (ZH) et les Grisons, a reçu de nombreux prix littéraires, dont le prix Ingeborg Bachmann.
Le jury a salué la "force de la langue" de Reto Hänny et sa reprise pour la troisième fois du roman "Flug" (1985), publié en 2020 sous le titre "Sturz", dans lequel il ajoute "encore plus de polyphonie à l'œuvre de sa vie, enrichissant les paysages de Segantini de tout ce qu'il a accumulé au fil des ans".
Les autres lauréats des prix - auxquels sont éligibles les œuvres publiées au cours de l'année précédente - sont Yari Bernasconi pour "La casa vuota", Rebecca Gisler avec "D'oncle", Dana Grigorcea pour "Die nicht sterben", Ariane Koch avec "Die Aufdrängung", Christian Kracht et "Eurotrash", Fabienne Radi avec "Email diamant" et Isabelle Sbrissa avec "Tout tient tout".
Trois Romandes primées
Outre la Genevoise Isabelle Sbrissa, 51 ans, et la Fribourgeoise d'origine Fabienne Radi, 61 ans, cette sélection a également retenu la Franco-suisse Rebecca Gisler, 31 ans, qui a grandi à Zurich, mais qui a écrit son premier roman "D'oncle" en français, sa langue maternelle.
Isabelle Sbrissa est considérée comme "une représentante de la nouvelle génération de la poésie suisse". À la croisée des disciplines, ses textes donnent une grande importance à l’oralité.
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Fabienne Radi écrit des essais, liés à l'art contemporain, et des fictions. Depuis 2008 elle enseigne également à la Head à Genève, et au Collège des Humanités de l'EPFL à Lausanne.
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Rebecca Gisler a étudié à l’Institut Littéraire de Bienne et au Master de Création Littéraire de Paris VIII. Un léger déplacement linguistique, puisqu'elle vit entre deux langues, participe sans doute à l’élaboration de son univers.
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Les sept lauréats reçoivent chacun 25'000 francs et bénéficient d'un soutien visant à faire connaître le livre primé au niveau national et international. Une série de lectures organisées dans toute la Suisse leur permettra de toucher un public au-delà des frontières linguistiques, écrit l'OFC.
Prix spécial pour une traductrice
Maurizia Balmelli, 52 ans, a reçu le Prix spécial de traduction, décerné par l'OFC tous les deux ans en alternance avec le Prix spécial de médiation, également doté de 40'000 francs.
Maurizia Balmelli, qui a grandi à Locarno, vit à Paris, et y travaille comme traductrice de fiction du français et de l'anglais vers l'italien. En 2010, elle a reçu le prix Gregor von Rezzori pour sa traduction de "Suttree" de Cormac McCarthy et en 2014, elle a remporté le prix Terra Nova de la Fondation Schiller pour sa traduction de "Rapport aux bêtes" de Noëlle Revaz.
Parmi les auteurs traduits par Maurizia Balmelli figurent J. M. G. Le Clézio, Emmanuel Carrère et Agota Kristof. "Si de nombreuses œuvres de ces écrivains sont aujourd'hui lues et connues dans la zone italophone, c'est grâce au travail de Maurizia Balmelli, l'une des plus importantes traductrices en italien", peut-on lire dans la laudatio.
Les prix seront remis le 25 mai avant l'ouverture des Journées littéraires de Soleure.
ats/ads