Ce sont les montagnes qui vont faire naître une relation intime et fraternelle entre Jonas, Galel, tous deux guides, et Paul, gardien de cabane. Chaque été, dans ce décor silencieux, ce sont les retrouvailles tant attendues et espérées, vers lesquelles le reste des tâches, de la vie et des jours de l’année semblent tendre.
Avec "Galel", l’autrice romande Fanny Desarzens signe un roman qui se déploie au rythme des pas, des repas et des haltes, des cordées le long des arrêtes, des changements de temps et des ascensions.
Une écriture minérale
Le récit s’ouvre sur une randonnée et le paysage dans lequel elle a lieu. L’écriture est simple, graphique, descriptive et presque sèche, comme par moments tirée de la pierre ou jaillissant de celle-ci, minérale, sans recherche stylistique. Elle insuffle un tempo qui marque la succession des pages dans lesquelles on découvre le sens d’être en marche, le sens d’être au présent, le sens d’être à la suite et ensemble, et le sens du métier de guide.
Et ce métier c'est marcher. C'est délier des chemins
Puis c’est sur Galel que l’attention se porte. Très vite les lecteur.trices comprennent qu’il est celui sur qui repose un certain équilibre. Lequel et pourquoi? C’est tout l’enjeu et l’effet que produit le récit de "Galel": quelque chose va advenir. La lecture du récit est sous-tendue par l’attente de cette rupture pressentie, ce qui entretient une tension, voire une angoisse imperceptible et pourtant bien présente.
J'ai toujours su que ces choses-là allaient se passer et que ça allait finir comme cela.
Une tonalité intemporelle
Entre Jonas et Paul, Galel est sans nul doute le personnage charnière, le treizième de la cordée de 12, celui qui ouvre la voie, celui à qui l’on demande, à chaque fois tel un rituel, de couper le pain parce qu’il le fait mal, ou plutôt de travers. Il est la figure christique presque messianique de cette œuvre qui porte son nom et à qui l’autrice, en effaçant quasi toute référence au monde contemporain, tout marqueur de la société actuelle, a conféré une tonalité intemporelle et, par bien des aspects, biblique.
Le roman "Galel" de Fanny Desarzens: une parabole à découvrir et dans laquelle vous vous laisserez porter, que vous soyez proche ou éloigné.e des dames de pierres et d’azur que sont les montagnes à travers les cieux qu’elles découpent.
Céline O’Clin/aq
Fanny Desarzens, "Galel", ed. Slatkine
Vous aimez lire? Abonnez-vous à QWERTZ et recevez chaque vendredi cette newsletter consacrée à l'actualité du livre préparée par RTS Culture.