"Zélie et compagnie", toutes les humeurs de l’enfance

Coup d’esbroufe, mensonge assumé ou rêve inespéré? A l’issue d’une partie de Monopoly avec ses amis, Zélie annonce avec fracas qu’elle va s’acheter une nouvelle maison et déménager, et donc quitter l’immeuble dans lequel, elle et ses amis, résident. La surprise est grande lorsque son père, avec qui elle vit, a vent de cette initiative visiblement non concertée. Comment va-t-elle se sortir de ce pétrin?

Je suis désolée, papa… Je voulais frimer… Et maintenant, je ne sais plus comment faire!

Et ce n’est qu’un aperçu d’une des aventures qui se déploient dans cet album de bande dessinée jeunesse en grand format cartonné: 56 pages colorées où les personnages et les situations issus de l’imagination du scénariste Eric Corbeyran et du trait de dessin de David de Thuin évoluent entre famille, sorties, loisirs, école et devoirs à la maison.

Tout y est animé ou presque, les moments joyeux entre copains, les vannes et autres amusements, mais aussi les tensions, les doutes, les rêves, les états d’âme et les interrogations. "Zélie et compagnie" est une BD qui contient toutes les humeurs de la vie de l’enfance, enthousiasme, déception ou encore colère, quand la case devient rouge, et jaune quand Zélie dramatise, car il arrive qu’elle le fasse.

Zélie "Bistouri"

La force de "Zélie et compagnie" tient aussi dans les profils de ses personnages. Cinq tempéraments très différents tous dotés d’un surnom. Agathe dite "Coin-Coin" est gentille et conciliante, jamais dans le conflit, toujours à trouver un terrain d’entente, prête à s’effacer s’il le faut. Benoît dit "Laglu", le frangin d’Agathe, est lui scotché à ses jeux vidéo, alors qu'Albert dit "Einstein" est sans conteste le savant de l’équipe, passionné, entre autres, d’inventions et de robotiques. Noël dit "Boycott", indolent, limite paresseux, est assurément le contrepoids de Zélie Bistouri, qui définitivement possède le caractère le plus trempé de l’équipe.

Autre qualité de cet album, le dessin de David de Thuin qui, couplé au scénario, est d’une grande efficacité et suscite immédiatement l’envie de se plonger dans les albums passés et à venir. Le style du dessinateur frisant parfois l’esquisse est très vif et animé, ou pour le dire avec les mots de Corbeyran: "emprunt d’une espèce de bonne humeur permanente". Désormais en grand format cartonné, il est beaucoup mieux mis en valeur que lors des précédentes parutions en format broché.

Les lecteurs vont lire le dessin avant de lire les bulles (…) et cette première impression quasiment inconsciente est vraiment quelque chose d’essentiel au bon ressenti d’une bande dessinée.

Pour écrire cette série, Eric Corbeyran s’est inspiré de ses filles qui, à l’époque, avaient le même âge que Zélie, une dizaine d’années. Et, parmi les raisons qui lui ont donné envie de relancer la série, il y a précisément le manque de proximité avec l’enfance ainsi que les personnages si attachants de cette BD qui, pour lui, sont comme des amis.

Et que ce soit avec "Einstein et les robots", le premier tome de la reprise de la série "Zélie et compagnie" ou avec le deuxième tome, "Amis pour la vie", le pari semble être gagné pour le scénariste et le dessinateur qui, pour la petite histoire, ne se sont jamais rencontrés physiquement, alors qu’ils travaillent en tandem depuis quinze ans.

Céline O’Clin/aq

Eric Corbeyran, David de Thuin "Zélie et compagnie, amis pour la vie", éditions Des ronds dans l’O.

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