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"Télé-réalité: la fabrique du sexisme", des "Marseillais" à "Maison à vendre"

L'essayiste féministe française Valérie Rey-Robert publie "Téléréalité: la fabrique du sexisme" dans la collection Les insolentes (La Maison Hachette Pratique). [https://www.hachette-pratique.com/ - La Maison Hachette Pratique]
L’invitée du 12h30 - L’essayiste Valérie Rey-Robert signe "Téléréalité, la fabrique du sexisme" / L'invité du 12h30 / 7 min. / le 23 mai 2022
Les émissions de télé-réalité sont nombreuses sur nos écrans depuis l’avènement de "Loft Story" en 2001. L’autrice française Valérie Rey-Robert dénonce leurs mécanismes sexistes dans son livre "Télé-réalité: la fabrique du sexisme", sorti aux éditions Les Insolentes.

"Mariés au premier regard", "Les Marseillais", "L’amour est dans le pré", "Top Chef" ou encore "Famille XXL": à chaque chaîne ou presque, ses émissions de télé-réalité. Elles sont malheureusement empreintes de sexisme, selon l’autrice féministe française Valérie Rey-Robert.

Laisser son cerveau au placard

Loin d’être un pamphlet contre la télé-réalité, le livre "Télé-réalité: la fabrique du sexisme" est en réalité inspiré de la passion de son autrice pour ce divertissement. "J’ai du plaisir à regarder 'Les Marseillais' ou 'Les Anges'. Ce sont des émissions à regarder en laissant son cerveau de côté, car si l’on commence à décrypter leurs mécanismes sexistes et homophobes, on ne peut pas les apprécier", admet Valérie Rey-Robert, interrogée par la RTS.

En 2022, la plupart des émissions de télé-réalité sont scénarisées, et se regardent autant à la télévision que sur les réseaux sociaux. "Ce qu’on voit à l’écran, c’est un mélange entre ce que les candidats veulent donner, ce que la production monte et la scénarisation. Au final, la télé-réalité n’a de réalité que le nom", ajoute Valérie Rey-Robert.

De la télévision aux réseaux sociaux

Le succès de la télé-réalité se base sur l’identification des téléspectateurs et téléspectatrices aux candidats. Ils et elles se disent, "cela pourrait être moi. Je pourrais aussi devenir célèbre en passant par la télé-réalité". Pourtant, les jeunes se détournent progressivement de la télévision. "Pas forcément. La télévision est encore beaucoup regardée dans les classes populaires. Ensuite, comme la télé-réalité se regarde à présent beaucoup sur les réseaux sociaux, les producteurs recrutent les candidats par ces médiums. La télé-réalité n’est plus une fin en soi, mais un moyen de gagner plus de followers sur les réseaux sociaux pour devenir influenceur ou influenceuse."

Le sexisme là où on ne l’attend pas

Dans des émissions comme "Les Marseillais" ou "Les Anges", le corps des candidates est ultra-féminisé, et celui des candidats ultra-masculinisé. Mais le sexisme est aussi parfois là où on ne l’attend pas: "Dans ses émissions comme 'Maison à vendre', lorsque Stéphane Plaza fait des critiques sur les décorations trop kitsch des appartements, il les attribue systématiquement aux femmes. De plus chacun a son rôle: les hommes se chargent des réparations, et les femmes de la décoration", explique Valérie Rey-Robert.

Quant aux émissions de vie collective, elles ont tendance à mettre les femmes en compétition les unes avec les autres pour l’attention des hommes. "Dans ces émissions où l’hétérosexualité est mise en avant, l’unique sujet de conversation des femmes est les hommes. Les femmes ne sont pas solidaires entre elles, à l’inverse des hommes. La bêtise de tous les participants et participantes est mise en avant, mais l'Autorité publique française de régulation de la communication audiovisuelle et numérique a relevé que l’accent est mis sur celle des femmes."

Une image dont les candidates souffrent, notamment lorsqu’elles tentent de rejoindre des mouvements comme Me Too ou de dénoncer les violences sexistes dont elles sont victimes. "Elles n’ont pas les codes de la 'bonne victime', c’est-à-dire que soit elles sont en colère, soit elles minorent et en rient. De plus, beaucoup d’entre elles sont extrêmement maquillées et ont effectué des opérations de chirurgie esthétique. Malheureusement, tout cela fait qu’elles ne sont pas prises au sérieux."

Propos recueillis par Agathe Birden

Adaptation web: Myriam Semaani

Valérie Rey-Robert, "Télé-réalité: la fabrique du sexisme", éditions les Insolentes.

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