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Tasha Rumley signe un roman intense sur les liens entre Eros et Thanatos

l'invité du 12h30
L’invitée du 12h30 - Tasha Rumley publie son livre « A l’amour, à la mort » chez Bernard Campiche / L'invité du 12h30 / 7 min. / le 24 mai 2022
Avec "A l'amour, à la mort", l'écrivaine et travailleuse humanitaire vaudoise Tasha Rumley propose sept textes qui ont comme point commun la perte de l'innocence et cette question: "Comment survivre après une tragédie"?

Après une carrière de journaliste, à 24 heures et à L'Hebdo notamment, Tasha Rumley a été déléguée du CICR durant sept ans. Un travail qui l'a menée aux premières lignes de la guerre dans le Donbass ukrainien en 2014, mais également en Asie centrale, au Soudan ou au Congo.

En 2019, la Vaudoise de Sainte-Croix décide de tout arrêter. "A 37 ans, vous changez de vie et réalisez qu'elle n'était jusque-là pas vraiment la vôtre", écrit-elle sur son blog. Un déclic qui se fait suite à des décès dans son entourage et à une vie privée qui n'était, selon elle, "pas très riche". "Avec les missions du CICR, le lien avec la maison s'effrite au fil des années. Ma maison c'est la Suisse. J'adore l'humanitaire, mais j'avais envie de me retrouver moi-même", analyse-t-elle au micro de la RTS.

"Je me suis mis à l'épreuve en partant travailler au CICR", poursuit-elle. Maintenant, j'ai vu le monde, j'ai vu la vie, j'ai vu la mort. J'ai vu des choses que d'autres n'ont pas vues et j'ai pu beaucoup réfléchir au sens de la vie, à ce qui compte. Et c'est là-dessus que j'ai eu envie d'écrire".

Slaviste de formation et passionnée de langues et de mots, Tasha Rumley vient de publier aux éditions Campiche "A l'amour, à la mort", un premier roman composé de sept textes. Si la jeune femme n'y décrit pas directement ses missions, on sent que celles-ci ont nourri son travail d'écriture.

Pas prête à écrire sur l'Ukraine

La couverture du livre "A l'amour, à la mort" de Tasha Rumley. [Bernard Campiche Editeur]
La couverture du livre "A l'amour, à la mort" de Tasha Rumley. [Bernard Campiche Editeur]

Il y a par exemple cette histoire qui démarre dans la Genève internationale et qui raconte l'amitié entre une Genevoise trentenaire et sa colocataire venue du Kirghizistan, pays que l'autrice a bien connu. Ou ce dernier récit où une jeune femme expatriée en Suisse rentre en Géorgie pour se recueillir sur la tombe de son père, disparu pendant la guerre d’Ossétie de 2008.

La grande absente de ce roman qu'elle a commencé à écrire au printemps 2020, c'est l'Ukraine. "C'est le pays que je connais le mieux, mon pays de coeur", souffle Tasha Rumley qui y est restée deux ans et a fondé le bureau du CICR à Marioupol. "Je n'étais pas tout à fait prête à écrire sur l'Ukraine, car cette mission a été à la fois la plus belle et la plus difficile".

Si elle n'en parle pas dans ses textes, l'Ukraine apparaît tout de même à travers la photo de couverture tirée de "L’Ange blanc: les enfants de Tchernobyl" du photographe suisse Niels Ackermann. "On l'a choisie en octobre 2020. On ne se doutait pas qu'une guerre allait éclater quelques mois plus tard", précise la Vaudoise.

La perte de l'innocence au centre du roman

"A l'amour, à la mort" est un livre où la mort, omniprésente, arrive sans prévenir, suite à un accident, un suicide ou une guerre qui prive une femme d’un mari, une fille d’un époux, une amie d’une sœur. Et l'autrice d'expliquer qu'il ne s'agit pas d'un recueil de textes disparates, mais bien de récits qui ont été écrits pour être mis ensemble avec une idée de cohérence.

"Je crois que toutes ces histoires racontent la même chose: la perte de l'innocence, celle par laquelle on passe tous à un âge différent". Et lorsqu'on est confronté à la tragédie, se pose alors ces grandes questions: "Comment survivre à ça? Peut-on survivre à cela?"

Propos recueillis par Yann Amedro

Adaptation web: Andréanne Quartier-la-Tente

Tasha Rumley, "A l'amour, à la mort", éditions Campiche

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