Le scénario est celui d'un fait divers américain datant du 15 janvier 1947 devenu célèbre. Sur un terrain vague de Los Angeles, on découvre le corps sans vie et atrocement mutilé d’une jeune fille, Elizabeth Ann Short. Âgée de 22 ans, elle travaillait comme serveuse avec l'espoir de devenir actrice à Hollywood.
Les journaux la surnomment alors "Le Dahlia noir", peut-être à cause de sa chevelure foncée, d’une fleur qu'elle portait dans ses cheveux ou du film "Le Dahlia bleu" ("The Blue Dahlia"), sorti peu avant le meurtre et doté d'une intrigue similaire à celle d'Elizabeth Short. De nombreuses personnes avoueront être à l'origine de ce crime, sans que leur culpabilité ne puisse être prouvée. De nos jours, le mystère n’a toujours pas été élucidé.
Cette affaire criminelle, l'une des plus connues de l'histoire des États-Unis, a par ailleurs suscité de nombreuses déclinaisons ou références dans la littérature (James Ellroy), le cinéma et même les jeux vidéo.
Plus que le fait divers de sa mort, la bande dessinée "A Short Story, la véritable histoire du Dahlia noir", de Run (Mutafukaz) et Florent Maudoux (Freaks Squeele), s'attache surtout à retracer précisément la vie d’Elizabeth Short en se basant sur des documents historiques.
Une affaire iconique
"Ce qui est extrêmement dérangeant avec Elizabeth Short, c’est que parce que son meurtre est iconique - il marque à la fois l’âge d’or hollywoodien et l’après-guerre - elle est devenue un costume d’Halloween. Pourtant, on ne fait pas de costume d'Halloween d’autres victimes de meurtre comme Sharon Tate par exemple. Donc cette icône, qui souhaitait accéder à une forme de notoriété et de célébrité, est aujourd'hui figée dans la mort. Nous voulions rechercher qui était cette personne, quelles étaient ses aspirations. Nous nous sommes rendu compte qu'il y avait énormément de rumeurs et que les reportages à son sujet n'étaient pas tous exacts", explique Run à la RTS lors de son passage au dernier festival de la BD d’Angoulême.
L’idée était de mettre en place des pistes de réflexion pour qu’éventuellement les lecteurs et lectrices se prennent pour des enquêteurs et enquêtrices, en allant au-delà de la BD.
L’imagination laisse place aux faits
Les deux auteurs se sont documentés sur l’affaire pendant deux ans pour s’assurer de maîtriser suffisamment leur sujet. Peu d’espace est laissé à l’imagination. "Même en ce qui concerne les lignes de dialogue d’Elizabeth Short, nous nous sommes référés à trois segments de sa vie extrêmement documentés par des témoignages de personnes qui l’ont côtoyée et qui étaient aussi de potentiels suspects", précise Run.
Les trois passages sont donc mis en scène dans la bande dessinée, références et décors historiques à l’appui. "J’ai même envoyé des mails aux polices de San Diego et de Los Angeles pour avoir des informations et même à des experts, dont un spécialiste de la photographie aérienne de San Diego pour avoir des cartes de l’époque!"
Propos recueillis par Didier Charlet
Adaptation web: Myriam Semaani
Run et Florent Maudoux, "A Short Story, la véritable histoire du Dahlia noir", éd. Label 619
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