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Les plus grandes anti-héroïnes de séries TV réunies dans un livre

L'actrice Lena Headey dans le rôle de Cersei Lannister dans la série "Game of Thrones". [HBO - Helen Sloan.]
Les plus grandes anti-héroïnes de séries TV réunies dans un livre / Médialogues / 23 min. / le 7 octobre 2022
Anaïs Bordages et Marie Telling publient "Petit éloge des anti-héroïnes de séries". Dans ce livre, les deux journalistes spécialisées en séries TV rendent un hommage féministe et affectueux à ces personnages tour à tour mauvaises mères, hystériques, castratrices ou détestables pestes.

Hystériques, superficielles, traînées, coincées, carriéristes… Généralement réduites à des clichés misogynes, les anti-héroïnes passent souvent sous les radars de la critique, quand elles ne suscitent pas le rejet pur et simple des téléspectateurs.

Pourtant, ces personnages parfois difficiles à aimer brisent les codes de la féminité et contribuent à élargir les normes très restrictives de la représentation des femmes à l'écran, permettant un processus d'identification puissant pour toutes celles qui ne se retrouvent pas dans les standards traditionnels.

Les journalistes Anaïs Bordages et Marie Telling consacrent ainsi un livre à ces personnages aussi cruciaux que subversifs de nos séries. De la peste Cordelia ("Buffy contre les vampires") aux mères indignes Livia Soprano ("Les Soprano") et Cersei Lannister ("Game of Thrones"), en passant par la castratrice Skyler White ("Breaking Bad"), la revêche Annalise Keating ("How to Get Away with Murder") ou l'insupportable Hannah Horvath ("Girls"), "Petit éloge des anti-héroïnes de séries" propose un panorama féminin original du petit écran en quatorze catégories volontairement clichés.

Déconstruire les clichés

"Toutes ces anti-héroïnes avaient en commun un rapport compliqué à la féminité, ce qui n'est pas toujours le cas des anti-héros dans les séries. Et ce qui les rendait les plus subversives était souvent la manière dont elles allaient à l'encontre de ce qu'on attend des femmes. On a utilisé ces catégories-là parce que c'est comme ça qu'elles sont parfois traitées au sein de leur propre série. Samantha Jones dans 'Sex & the City' est considérée comme une traînée. Nous voulions donc montrer tous ces clichés sexistes qui créent des archétypes dans la pop culture, mais aussi montrer que ces personnages-là se sont emparés de ces clichés pour souvent mieux les déconstruire et montrer qu'il y plus de profondeur derrière ces qualificatifs", explique à la RTS Anaïs Bordages.

Les deux autrices du livre perçoivent aussi un intérêt sociétal à leur répertoire affectueux des anti-héroïnes. "La fiction a toujours un impact sur la place des femmes dans l'espace public et la prédominance des séries dans la pop culture aujourd'hui fait qu'elles ont un impact dans la façon dont on perçoit les femmes (...) Les séries sont aussi un média traditionnellement plus féminin où s'expriment davantage de voix féminines dans les scénarios souvent écrits en groupe. Il y a donc davantage de personnages féminins et de représentation des femmes", détaille Marie Telling à la RTS.

Propos recueillis par Antoine Droux

Adaptation web: olhor

Anaïs Bordages et Marie Telling , "Petit éloge des anti-héroïnes de séries", éd. Les Pérégrines.

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