Les lettres du procès des attentats du 13 novembre 2015 réunies dans un livre
C'est une forme de journal de bord destiné à ceux qui ne sont pas de la traversée. Durant dix mois, Juliette Reinhart et Constance Peillon, deux amies, ont partagé le quotidien du procès des attentats du 13 novembre avec les victimes, directes ou indirectes, qui ne voulaient ou ne pouvaient y assister. L'une avec les mots, l'autre avec des dessins.
Rien ne prédestinait pourtant les deux femmes à prendre le crayon de la sorte: Juliette est issue du milieu de la communication et Constance de celui de l'architecture; aucune n'avait assisté à un procès au préalable. C'est aidées d'une association de victimes des attentats qu'elles se lancent dans ce projet.
Elles envoient d'abord leur lettre journalière aux membres de l'association sous forme de newsletter. Et puis, leur audience s'élargit: mille personnes reçoivent alors chaque jour les nouvelles du procès et y répondent, demandant d'aborder tel ou tel sujet, tel ou tel point. Des échanges qui, malgré la distance, ont donc teinté le contenu du procès les dix mois durant.
Les gens n'ont pas forcément trouvé des réponses, mais une forme de solidarité.
Création de liens
Ces échanges ont également créé de nombreux liens et discussions. Lors d'une audience, Constance a par exemple dessiné un couple assis devant elle: l'homme enlace la femme en guise de protection durant la plaidoirie de leur avocat au sujet de leur enfant tué dans les attentats. A l'issue du procès, Constance leur donnera le dessin.
"C'est précisément ces personnes-là qui nous diront que le procès avait été long pendant dix mois, qu'ils n'avaient pas eu toutes les réponses, explique à la RTS Constance Peillon. Ils ont perdu un enfant. Mais ils trouvaient que le temps long du procès avait permis à tout le monde d'avoir la parole; une forme thérapeutique qui permet de faire son chemin. C'est le dessin que l'on a mis en quatrième de couverture, car il avait du sens."
"Les gens n'ont pas forcément trouvé des réponses, mais une forme de solidarité", renchérit Juliette Reinhart en évoquant la soirée de vernissage du livre en septembre dernier. "C'était une soirée de retrouvailles avec toutes ces personnes. C'était ce constat de ce qui restera de ce procès. Je pense qu'il restera ça."
Propos recueillis par Ariane Hasler
Adaptation web: Charlotte Frossard
Juliette Reinhart et Constance Peillon, "13ensemble", éd. Génépi. Une partie des revenus du livre est reversée à quatre associations fondées par des parents de victimes des attentats du 13 novembre 2015.