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Le prix Médicis 2022 attribué à Emmanuelle Bayamack-Tam

L'écrivaine Emmanuelle Bayamack-Tam. [P.O.L - Hélène Bamberger]
Le prix Médicis 2022 attribué à Emmanuelle Bayamack-Tam / Le Journal horaire / 27 sec. / le 8 novembre 2022
Le jury du prix a désigné la romancière française Emmanuelle Bayamack-Tam comme lauréate du prix Médicis, pour "La treizième heure" (POL). Un roman hors norme qui met en scène Farah, une adolescente intersexuée élevée dans une secte où l'on récite de la poésie.

Dès son premier roman, "Rai de cœur" (1996), Emmanuelle Bayamack-Tam est apparue comme une autrice totalement unique à l’intérieur du paysage littéraire français. Subtil alliage d’érudition, de transgression et de questionnement identitaire, "La treizième heure" s’est imposé par sa phrase, son rythme, et par ses personnages, des êtres en quête de liberté, farouchement attachants.

Il s'agit d'un roman plus mélancolique et sombre que les précédents. L'autrice y évoque la mort, le vieillissement, s'attarde sur les échecs d'une vie ou sur les amours perdus. Mais c'est sans doute aussi son ouvrage le plus politique. Il met en scène des protagonistes abandonnés du libéralisme galopant qui préfèrent se réunir pour lire de la poésie, hors de la violence du monde.  

>> A lire : Emmanuelle Bayamack-Tam, politique et transgressive dans "La treizième heure"

Hommage à la poésie

"Je suis ravie. J'ai l'impression de m'inscrire dans une lignée", a déclaré  Emmanuelle Bayamack-Tam à la presse, citant d'anciens lauréats comme Georges Perec, Mathieu Lindon ou Marie Darrieussecq. "C'est un roman certes, mais aussi un hommage à la poésie (...) Je ne peux que redire ma fierté d'avoir ce très beau prix", a affirmé la romancière.

Les sept autres finalistes étaient Diaty Diallo pour "Deux secondes d’air qui brûle" (Seuil), Virginie Despentes pour "Cher Connard" (Grasset), Claudie Hunzinger pour "Un chien à ma table" (Grasset), qui a obtenu lundi le Prix Femina, Victor Jestin pour "L’homme qui danse" (Flammarion), Olivia Rosenthal pour "Un singe à ma fenêtre" (Verticales), Monica Sabolo pour "La vie clandestine" (Gallimard) et Anne Serre pour "Notre si chère vieille dame" (Mercure de France).

L'auteur ukrainien Andreï Kourkov récompensé

Emmanuelle Bayamack-Tam succède à Christine Angot qui a été récompensée en 2021 pour son livre "Le voyage dans l'Est". Le prix Médicis roman étranger a lui été attribué à Andreï Kourkov pour "Les abeilles grises", traduit du russe (Ukraine) par Paul Lequesne (Liana Levi), roman sur l'absurdité du conflit déclenché par des séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine en 2014.

Enfin, le prix Médicis de l'essai revient à Georges Didi-Uberman pour "Le témoin jusqu’au bout" (Minuit). Il consacre cet ouvrage à Victor Klemperer, "un grand philologue qui a choisi de rester à Dresde" sous le nazisme pour étudier les mutations de la langue allemande dans un régime totalitaire.

Un dernier grand prix littéraire d'automne reste à remettre, l'Interallié mercredi.

aq/st/ats

Emmanuelle Bayamack-Tam. "La treizième heure", éd. P.O.L.

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