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Les influences littéraires fondamentales de David Bowie

Le chanteur anglais David Bowie au Montreux Jazz Festival, le 18 juillet 2002. [KEYSTONE - Fabrice Coffrini]
David Bowie, Letʹs read! / Quartier livre / 56 min. / le 6 novembre 2022
Après "Frictions", premier livre explorant les influences réciproques du rock et de la littérature, Yann Courtiau publie "David Bowie, lector in fabula". Lʹauteur genevois livre le portrait dʹun Bowie fou de littérature, nourrissant sa création de lectures aussi insolites quʹinspirantes.

Au milieu des années 1970, sur le tournage du film "L’homme qui venait d’ailleurs" réalisé par Nicolas Roeg, David Bowie avait emporté avec lui plus d’une centaine de livres pour couvrir les onze semaines à venir. Entre chaque scène, il se plongeait dans la lecture. C'est cette liste que l'auteur, libraire et mélomane genevois Yann Courtiau a découverte en 2013 au coeur de l'exposition itinérante "David Bowie Is" et dans laquelle il s'est plongé pour dresser un portrait de David Bowie en lecteur omnivore et vorace.

"En réalité, la liste comprenait 75 à 80 livres ainsi que des magazines. Mais d'un coup apparaissait quand même la recette du David Bowie littéraire et certains livres qui ont influencé de grands mouvements de sa vie", explique à la RTS Yann Courtiau qui a eu quelques épiphanies à la lecture de certains ouvrages de cette liste très masculine.

Kerouac, Orwell ou Nabokov comme références

Son ouvrage en forme d'essai part de la constatation que la lecture n’a pas seulement accompagné la création artistique du chanteur anglais, mais présage aussi des grands mouvements de sa vie. On retrouve ainsi au fil de "David Bowie, lector in fabula" des figures comme Kerouac, Orwell, Nabokov, Anthony Burgess, Evelyn Waugh, Yukio Mishima et des auteurs moins connus comme Anatole Broyard ou Muriel Spark.

"J'ai mis certains livres en parallèle avec des grands mouvements de sa vie. On a des auteurs qu'on retrouve sur des chansons en particulier ou sur des albums, comme Orwell et Burroughs sur 'Diamond Dogs' (1974) et beaucoup plus tard Mishima sur la chanson 'Heat' tirée de l'album 'The Next Day' (2013). Il y a aussi le fabuleux livre de John Rechy, 'Cité de la nuit', où un jeune homosexuel va chercher l'aventure, l'émancipation, les premiers amours à New York puis à Los Angeles. Un récit que l'on peut mettre en parallèle avec la fascination de Bowie pour l'Amérique qui s'enfuit de sa banlieue morose anglaise pour s'installer à New York, puis déménage dans ce lieu de perdition qu'est Los Angeles", détaille Yann Courtiau.

Attrait pour les personnages de la marge

Le chanteur anglais qui achetait toujours des cartons de livres quand il vivait sur les hauts de Lausanne avait aussi une prédilection pour les personnages de la marge. Il a aussi éprouvé une véritable fascination pour le Mouvement des jeunes hommes en colère, apparu à la fin des années 1950 en Angleterre avec des écrivains et dramaturges s'érigeant contre les coutumes bourgeoises. Des hommes qui avaient décidé de dire ce qu'ils ressentaient et non ce qu'ils devraient ressentir. Une esthétique de la rupture qui inspirera Bowie le transformiste.

La littérature est en tous les cas au centre de la vie de l’artiste qui en réponse au questionnaire de Proust sur son idée du bonheur parfait, dit tout simplement: la lecture. "David Bowie s’éduquait par la lecture, c’était le lieu où il éprouvait sa liberté: car lire est une aventure, une conquête, c’est aussi une manière de répondre à nos inquiétudes ou parfois d’accentuer de manière vertigineuse certains de nos fantasmes (et Bowie en avait pas mal en réserve!)", écrit ainsi Yann Courtiau dans "David Bowie, lector in fabula".

Propos recueillis par Nicolas Julliard

Adaptation web: Olivier Horner

Yann Courtiau, "David Bowie, lector in fabula", éd. La Baconnière.

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