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Un siècle après sa mort, Marcel Proust fascine toujours autant

Marcel Proust en 1905 dans le jardin du compositeur Reynaldo Hahn. [AFP - Archives Snark]
Proust dans la BD et au cinéma / Vertigo / 6 min. / le 18 novembre 2022
Le célèbre écrivain français Marcel Proust est mort il y a cent ans, le 18 novembre 1922, d’une bronchite mal soignée. Un siècle plus tard, ses romans continuent de captiver et se déclinent sous plusieurs formes: BD, films ou encore mangas.

Depuis trente ans, Stéphane Heuet adapte l’œuvre de Proust en bande dessinée. Et pourtant, ce n’était pas gagné d’avance: à l'âge de vingt ans, il s'engage dans la marine, se casse une jambe et tente de lire Proust pour passer le temps. Après quinze pages, il laisse tomber: trop indigeste.

La couverture du tome 1 de "A la recherche du temps perdu" en bande dessinée adapté par Stéphane Heuet. [Editions Delcourt]
La couverture du tome 1 de "A la recherche du temps perdu" en bande dessinée adapté par Stéphane Heuet. [Editions Delcourt]

Quinze ans plus tard, il s'y replonge et c’est le coup de foudre. Conquis par le côté comique de "A la recherche du temps perdu", il décide de transposer cette œuvre en bande dessinée en couchant sur le papier les images qui se forment dans sa tête lors de la lecture: "Pour moi, Proust est un peintre raté qui a parfaitement décrit les tableaux qu'il aurait faits", dit Stéphane Heuet.

L'aventure commence avec les éditions Delcourt et le succès est au rendez-vous: 300'000 exemplaires vendus et des traductions dans une vingtaine de pays. A ce jour, la série comporte huit tomes. La création d'un volume nécessite trois ans et demi de travail, dont deux ans uniquement consacrés au texte.

Manga et cinéma

"A la recherche du temps perdu" a également été adapté en 2011 en un volume dessiné sous forme de manga (400 pages tout de même), dont les auteurs précisent qu'il "n’a pas pour but de remplacer l’œuvre de Proust. Le but est au contraire de donner envie au lecteur de se plonger dans le roman original".

Le septième art n'est pas en reste. Et là aussi, l’exercice frise l’impossible. Comment traduire dans un film une œuvre pharamineuse au langage introspectif? Le premier à oser s’y attaquer est l’Allemand Volker Schlöndorff. En 1984, il réalise "Un amour de Swann", qui se concentre sur la passion d’un dandy richissime et coqueluche de la haute société pour Odette, une ancienne prostituée de luxe. L'accueil est mitigé. Pour les critiques, cette adaptation de Proust au grand écran est décevante.

Un rêve éveillé

Quinze ans plus tard, en 1999, Raoul Ruiz sort "Le temps retrouvé". Audacieux, fidèle à Proust, plein de poésie et d'images, le film est cette fois salué. Le cinéaste chilien filme en mode "rêve éveillé", les roses sortent du papier peint et les arbres se déplacent. Le casting aussi est à la hauteur: Pascal Greggory, John Malkovich et Vincent Perez incarnent cette histoire d’hommes qui insiste sur le thème de l’homosexualité. Côté féminin, Emmanuelle Béart incarne Gilberte, l’amour de jeunesse, et Catherine Deneuve, Odette, une cocotte aristocratique.

Enfin, la réalisatrice français Nina Companeez adapte Proust en 2011 pour la télévision. "A la recherche du temps perdu" devient un téléfilm de trois heures trente. Les proustiens ne sont pas déçus: le rythme et les acteurs sont bons, les scènes extérieures magiques et Nina Companeez réussit à saisir l’humour de Proust en montrant le côté grotesque des mondains et l'agitation des personnages dans des histoires de jalousie amoureuse.

Sujet radio: Sarah Clément

Adaptation web: mh

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"Du côté de chez Swann" refusé par Gallimard

En 1909, Proust se lance dans l'oeuvre de sa vie, un roman où le héros découvre au gré de ses souvenirs l'importance vitale de l'art.

D'un volume en 1909, le roman passe à deux en 1912, à trois en 1913... "A la recherche du temps perdu" en comptera finalement sept. Les trois derniers seront publiés après sa mort, à 51 ans en 1922.

Après avoir essuyé trois refus d'éditeurs, Proust est contraint de publier à compte d'auteur chez Grasset en 1913. André Gide, figure de la NRF (Nouvelle revue Française, futur Gallimard) est un de ceux qui l'ont éconduit.

"Le refus de ce livre restera la plus grave erreur de la NRF et (...) l'un des regrets, des remords, les plus cuisants de ma vie", écrit-il à Proust.

Gide va multiplier les tentatives pour le reconquérir. Gaston Gallimard y parvient en 1916 et publie "A l'ombre des jeunes filles en fleurs" en 1918.

afp