L’histoire commence dans un futur proche, où la société telle qu'on la connaît s’effondre. Plus de gouvernements, plus d’électricité, ni de téléphones portables. Emeutes, pillages, la société tout entière est devenue folle. Face à ce monde apocalyptique, une femme décide de se retirer dans la forêt. Qui est-elle et d’où vient-elle? Personne ne le sait.
Pierre Chavagné s’est beaucoup inspiré des livres de "nature writing" et d’auteurs tels que Jim Harrison, Cormac McCarthy et Rick Bass pour écrire ce nouveau roman. Il souhaitait une histoire épurée, sans dialogues, mais pleine de tensions. Concernant l’identité de son héroïne, il assume totalement cette part de mystère.
Dans la nature, il n’y a pas de mots. La nature ne parle pas, ne nomme pas les choses. On retrouve cela dans 'La femme paradis'. Cette femme devient très minérale, très végétale.
Les références au passé s’égrènent tels des petits indices tout au long du livre. Ce qui importe, c’est le moment présent. Le déroulement des journées de cette femme est minutieusement détaillé. Elle chasse, pêche, jardine, guette et médite, jusqu'au jour où une déflagration va bouleverser son fragile équilibre.
Sobriété heureuse
Pour assurer sa survie quotidienne, l’héroïne s’est fabriqué un refuge dans une caverne. Elle cuisine des galettes de farine de gland, fabrique des purins d’ortie pour son jardin, élabore des macérats de pâquerettes. Pierre Chavagné l’avoue: il aime retrouver les recettes des "anciens", celles qui ont été oubliées au détriment de la "modernité".
Quant aux objets de "l’ancien monde", ils sont rares, mais précieux. Chaque objet possédé par la protagoniste - briquet, parka, duvet – a une histoire. Tout comme celle de ses armes.
Survie et combat
A force de vivre isolée, la "femme paradis" n’arrive plus à entrer en contact avec ses pairs. Toute intrusion dans son repère est vécue comme une agression. Et les rares à s’y frotter le paieront cher. Pour Pierre Chavagné, "la survie passe par le combat". Combat contre les hommes, mais aussi combat contre la nature.
Cette femme essaie de faire de la forêt son alliée, mais elle sait très bien que l’arbre qui la nourrit peut aussi la tuer. Il peut se passer 1001 événements qui peuvent devenir problématiques.
Le seul lien qui maintient l’héroïne avec l’ancienne civilisation, c’est son amour des mots. Elle tient un journal intime dans lequel elle décrit son quotidien, ce qui l’émerveille, la terrifie, quelques bribes de son passé, mais aussi des petites maximes pleines de sagesse. Par la suite, un événement va aussi lui permettre de redécouvrir le plaisir de la lecture.
Pour moi, c’est impossible de me passer des livres. Ils permettent de voyager de manière immobile, d'avoir une fenêtre sur le monde, dix mille vies. On est beaucoup moins seul.
Découvrir la vie intense, belle et sauvage d’une femme, au cœur de la forêt, c’est ce que propose "La femme paradis".
Sarah Clément/aq
Pierre Chavagné, "La femme Paradis", éditions Le Mot et le Reste.
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