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"Chesa Seraina", la maison de mots de Fanny Desarzens

L'autrice suisse Fanny Desarzens. [DR]
Entretien avec Fanny Desarzens, autrice de "Chesa Seraina" / QWERTZ / 22 min. / le 13 février 2023
L’écrivaine suisse romande Fanny Desarzens publie "Chesa Seraina". Un récit qui plonge dans l'histoire d'Elena, une jeune femme qui se souvient de l'incendie qui a réduit en cendres sa maison lorsqu'elle était enfant. Un havre familial qu’elle va entreprendre de reconstruire au fil du roman.

Dans une langue minérale et syncopée, Fanny Desarzens nous emmène pour son deuxième roman au cœur d’un traumatisme: l'incendie qui a ravagé la maison d’Elena, de Rose et de leurs parents. Une maison qui s’appelle, à l’instar de l’ouvrage, "Chesa Seraina". Traduit du romanche, le titre signifie "Maison sereine".

Pour l’écrivaine, ce titre est né de l’envie de faire un clin d’œil à sa propre mère qui passe tous les étés de son enfance en Engadine, ainsi que d’honorer une langue si peu parlée en Suisse, le romanche.

Premier projet littéraire

Fanny Desarzens découvre l’importance des mots lors de ses études à la Haute école d’art et de design de Genève (HEAD) où elle obtient son diplôme en 2018. A partir de là, elle décide de se lancer véritablement sur le chemin de l’écriture.

Elle commence par publier des nouvelles, "Le passeur", "Lignine", "Carnet de la vigne", puis un roman "Galel" paru en 2021 aux éditions Slatkine. Mais parmi ses premiers écrits, c’est "Chesa Sereina" qui est en tête.

"Chesa Seraina" est le premier livre que j’ai commencé à écrire. Ce roman, c'est surtout un parallèle avec qui j’étais quand je me suis enfin donnée le courage et la force de me lancer dans ce rêve d’écriture. Car ce manuscrit, c’est avant tout l’histoire de quelqu’un qui lâche tout pour construire quelque chose d’autre."

Fanny Desarzens

Reconstruire la demeure

L’histoire de "Chesa Seraina" débute lorsqu’Elena, une jeune femme d’une vingtaine d’années, se souvient du feu qui a détruit sa maison d’enfance. Sa mémoire revenue, elle quitte son travail, son studio lausannois et se lance dans la reconstruction de la demeure en ruines.

Une entreprise manuelle qui va de pair avec l’acquisition de savoirs liés au monde du chantier. Des connaissances que la narratrice trouve auprès de Victor, charpentier professionnel et chef de scierie, ainsi qu’auprès de Sylvain et Renarde, tous les deux employés de Victor.

D’abord je ne vois rien. Puis j’aperçois la façade. Elle a tenu. Elle est noire de suie mais elle est debout. La porte est par terre. Les trois autres murs n’ont aucune trace de flammes (...) On dirait une maison de poupée, à laquelle il manque des murs pour qu’on puisse voir dedans.

Extrait de "Chesea Seraina" de Fanny Desarzens

Un récit venu de nulle part ou presque

Pour l’écrivaine suisse romande, la trame de l’histoire lui est apparue de manière spontanée et immédiate, comme si, d’une certaine manière, l’idée avait toujours été là.  D’ailleurs, après l’écriture du roman, elle a appris que sa propre maison d’enfance a été détruite par un incendie, bien après son départ. Elle s’est imaginé que cet épisode a dû lui être raconté et qu'elle l’a d’une certaine manière occulté.

Mais le désir impérieux et conscient de Fanny Desarzens, encore plus que d’écrire cette histoire-là, était de terminer ce premier projet littéraire né il y a plus de deux ans. Et mettre un point final à son entreprise, c’était comme "clouer le dernier clou pour pouvoir ensuite inviter des gens chez moi." Désormais, c’est chose faite… et l’aventure peut alors commencer.

Layla Shlonsky/aq

Fanny Desarzens, "Chesa Seraina", éditions Slatkine

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