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Le prix Nobel de littérature Kenzaburo Oe est mort à l'âge de 88 ans

L'écrivain japonais Kenzaburo Oe, lors d'une manifestation contre les centrales nucléaires dans le centre de Tokyo, en janvier 2015. [Keystone - KIMIMASA MAYAMA]
Le prix Nobel de littérature Kenzaburo Oe est mort à l'âge de 88 ans / La Matinale / 14 sec. / le 13 mars 2023
Kenzaburo Oe, prix Nobel de littérature en 1994, est mort à l'âge de 88 ans, a annoncé lundi la maison d'édition Kodansha. Il était une icône progressiste et une figure anticonformiste au Japon.

Kenzaburo Oe "est mort de vieillesse aux premières heures du 3 mars", a fait savoir son éditeur dans un communiqué, expliquant que ses funérailles ont déjà été tenues par sa famille.

En 1994, le Nobel de littérature avait consacré celui "qui, avec une grande force poétique, crée un monde imaginaire où la vie et le mythe se condensent pour former un tableau déroutant de la fragile situation humaine actuelle".

L'écrivain japonais dénonçait inlassablement dans son oeuvre la violence infligée aux faibles et s'élevait contre le conformisme de la société moderne nippone.

Des sujets dérangeants

Figure intellectuelle à part au Japon, constant dans sa haute exigence morale, Kenzaburo Oe était un ardent défenseur de la cause antinucléaire et de la Constitution pacifiste de son pays.

Né le 31 janvier 1935, il grandit dans un hameau reculé de l'île de Shikoku, au milieu d'une vaste forêt, un cadre qu'il utilisera fréquemment dans son oeuvre, comme un microcosme mythique de l'humanité. Il se gorge enfant des légendes subversives de son village que lui racontent sa mère et sa grand-mère.

Mais sa jeunesse est noircie par la Seconde Guerre mondiale et la propagande mortifère du régime militariste nippon inculquée à l'école. Traumatisé par la capitulation du Japon après les bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki en 1945, il est cependant très rapidement conquis par les principes démocratiques apportés par l'occupant américain.

Kenzaburo Oe a connu un succès précoce, avec des nouvelles aux sujets dérangeants et des personnages grotesques ou désaxés, miroir inconscient du malaise de la jeunesse japonaise de l'après-guerre.

Des romans inspirés de sa vie privée

En 1958, il remporte le prestigieux prix Akutagawa récompensant de jeunes auteurs pour "Gibier d'Elevage". Ce récit tragique mettant en scène un pilote afro-américain captif d'une communauté villageoise japonaise durant la Seconde Guerre mondiale sera adapté au cinéma peu après par Nagisa Oshima.

La même année sort son premier grand roman, "Arrachez les bourgeons, tirez sur les enfants", fable sociale sur des gamins d'une maison de correction livrés à eux-mêmes au Japon durant la guerre.

"Une affaire personnelle" (1964) est le premier d'une longue série de romans inspirés de sa vie privée, qui met en scène un jeune père confronté au choc de la naissance d'un bébé lourdement handicapé, jusqu'à envisager de le tuer.

Ses "Notes de Hiroshima" (1965) sont un recueil de témoignages poignants de victimes du 6 août 1945. Puis dans ses "Notes d'Okinawa" (1970), il s'intéresse au sort tragique de ce petit archipel périphérique du Japon, qui ne sera rétrocédé par les Etats-Unis qu'en 1972.

afp/boi

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