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Dans "Les femmes du bout du monde", Mélissa Da Costa magnifie la sororité

La romancière française Mélissa Da Costa. [Albin Michel]
Entretien avec Melissa Da Costa, autrice de “Les femmes du bout du monde" / QWERTZ / 17 min. / le 23 mars 2023
Pour son dernier roman, l'autrice française de best-sellers Mélissa Da Costa a choisi l’extrême sud de la Nouvelle-Zélande. Dans ce coin préservé et sauvage, trois femmes vont s’apprivoiser, veiller les unes sur les autres et faire la paix avec elles-mêmes.

Dans "Les femmes du bout du monde", Mélissa Da Costa, autrice la plus lue de France ("Tout le bleu du ciel", "Les lendemains") nous emmène dans la région isolée des Catlins, en Nouvelle-Zélande. C’est ici que Flore, une jeune Parisienne totalement brisée, a décidé de poser son sac à dos et ses douloureux souvenirs.

Pour se reconstruire, elle va travailler dans le camping tenu par Autumn et Milly, une mère et sa fille. Deux femmes du cru, libres et sauvages. Au fur et à mesure des jours qui passent, ces trois femmes vont se découvrir et remettre de la légèreté dans leur vie.

Quand réalité et fiction s’emmêlent

Si Mélissa Da Costa a choisi la Nouvelle-Zélande comme décor de son sixième roman, c’est grâce à un voyage effectué en 2018. Pendant un an, l’autrice française sillonne les routes du pays dans un van. Et tout comme le personnage de Flore, elle effectue quelques heures de travail dans des familles néo-zélandaises, contre le gîte et le couvert.

Durant ce voyage, un lieu en particulier retient son attention: un petit terrain de camping avec trois fois rien, face à une baie et à l’océan Austral. Dans ce camping sauvage, Mélissa Da Costa rencontre une faune endémique incroyable: des dauphins d’Hector et des manchots aux yeux jaunes notamment.

Le décor est planté, reste à définir l’intrigue. A son retour de voyage, Mélissa Da Costa tient son personnage de Flore, une Parisienne torturée par son passé, qui va s’exiler et tenter de se racheter.

Symbiose avec la nature

En arrivant dans ce camping du bout du monde, Flore est d’abord impressionnée par les éléments naturels. Elle n’ose pas se baigner, elle craint les otaries, tout l’inverse d’Autumn et de Milly. A force de côtoyer la nature, la mère et la fille se sont totalement imprégnées de leur environnement.

L’homme est mouvant, instable, terriblement influençable, décevant. La mer, non. La mer est là, immuable et infinie. La mer est une promesse d’éternité.

Extrait du livre "Les femmes du bout du monde" de Mélissa Da Costa

Cette symbiose avec la nature se retrouve également dans deux autres personnages: Anaru et son fils Kai, les seuls voisins proches du camping. Ces deux hommes, issus de la communauté maorie, permettent à Flore et au lectorat de découvrir la richesse des légendes maories. Des légendes où la nature est omniprésente.

Un roman monacal

A force de vivre en solitaire, Autumn et Milly ont développé un sens de l’observation aigu. La mère et la fille partagent une certaine réserve, elles parlent peu. Une attitude qui, paradoxalement va permettre à Flore de se reconstruire: dans le silence et l’absence de distractions.

Peu à peu, les trois femmes se découvrent, s’apprécient de plus en plus, et chacune va faire office de révélateur pour les deux autres.

Flore sort Milly de sa chrysalide, en lui donnant la force de s’affirmer et de réaliser ses rêves. Elle amène aussi de la légèreté dans la vie d’Autumn. En échange, la mère et la fille lui amènent un cocon protecteur, en pleine nature, où elle n’est pas jugée.

Mélissa Da Costa

Grâce à cette sororité, Flore, Milly et Autumn grandissent et se libèrent du poids du passé. Ces "femmes du bout du monde" sont une belle leçon de vie, un fil rouge que l’on retrouve souvent dans les romans de Mélissa Da Costa.

Sarah Clément

"Les femmes du bout du monde", Mélissa Da Costa, ed. Albin Michel.

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