Pour sa 17e édition, BDFIL investit de nouveaux quartiers comme la place de la gare, Plateforme 10, mais aussi le quartier situé sous la gare de Lausanne. La manifestation propose jusqu'au 14 mai plus de cinquante rencontres et événements. Une centaine d'artistes participent au festival avec comme invitée d'honneur la Française Pénélope Bagieux. Un pays est également mis en avant: Taïwan, dont le festival présente six auteurs.
BDFIL fait donc complètement peau neuve cette année. C'est d'ailleurs la première édition signée par la nouvelle direction du festival composée de Léonore Porchet et Gaëlle Kovaliv. "Comme l'ensemble du monde de la culture, BDFIL a beaucoup souffert du Covid. 2022 a été une année de transition et nous devions de toute manière changer de lieu. Nous avons imaginé un projet plus grand parce que nous voulions accueillir plus de public, ouvrir nos portes à plus de classes d'écoles notamment. Quoi de mieux que d'être deux semaines, en mai, sur la place de la gare qui est vraiment l'avenir du canton pour mettre à l'honneur le 9e art, si important pour la ville de Lausanne et le canton", explique à la RTS Léonore Porchet.
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Une programmation pointue et populaire
Une centaine d'artistes, et pas des moindres, participent à cette édition de la manifestation. Parmi eux figurent Willy Lambil, le dessinateur belge des "Tuniques bleues" ou Etienne Schréder et Christian Cailleaux, deux dessinateurs de la célèbre BD "Blake et Mortimer".
BDFIL propose aussi une rencontre en toute intimité avec la drôle et piquante Pénélope Bagieu, autrice du diptyque "Culottées" qui s'est écoulé à plus de 150'000 exemplaires et a été traduit dans dix-sept langues. Il s'agit de la première rétrospective de l'artiste.
"Pour notre première édition, il était très important d'inviter des personnes qui représentent le mieux ce que nous aimons et ce que nous connaissons. Pénélope Bagieu était un choix évident. Elle représente vraiment cette nouvelle génération, à la fois pointue et populaire. On choisit aussi par coup de coeur", souligne Léonore Porchet.
La fête des Suisses
Le premier week-end du festival fait aussi la part belle aux dessinateurs et dessinatrices suisses avec notamment Martin Panchaud et Léonie Bischoff, deux Suisses qui viennent d'être primés au festival de BD d'Angoulême. Mais aussi l'artiste lausannoise Maou, qui a reçu une carte blanche et qui invite le public à entrer dans son œuvre et son histoire familiale. Sont aussi annoncés Cosey, Fanny Vaucher ou Frederik Peeters.
"Il faut rappeler que la bande dessinée a été inventée en Suisse, c'est assez peu mis en avant. Pour nous, il était très important de renforcer le lien entre tous les acteurs et les actrices de la bande dessinée en Suisse, de mettre en avant cette création", explique Léonore Porchet.
Ce week-end dédié aux artistes suisses leur permet aussi de rencontrer leur public. "Pour moi, le travail de création se passe de manière plutôt solitaire. Les festivals sont des moments d'échanges qui permettent un bon équilibre", glisse à la RTS Amélie Strobino, jeune bédéiste genevoise invitée lors de BDFIL à présenter sa nouvelle parution jeunesse, "Pourquoi les vouivres raffolent des myrtilles", sortie le mois dernier chez Helvetiq.
Propos recueillis par Aleksandra Planinic
Adaptation web: ld
Festival BDFIL, Lausanne, du 1er au 14 mai 2023.
Questions de genre et égalité homme-femme
Parmi la riche programmation figure aussi une exposition au centre de la BD de la Ville de Lausanne. Elle met en lumière des magazines pour la jeunesse du début du XXe siècle à nos jours, avec un zoom sur les magazines destinés aux fillettes. "Le centre BD de la Ville de Lausanne est un des plus grands d'Europe après celui d'Angloulême. Une des raisons pour lesquelles il est précieux est qu'il possède cette littérature bande dessinée à destination des fillettes, alors que partout ailleurs cela a été détruit", explique Léonore Porchet. Cette exposition permet de questionner la place de la bande dessinée dans les relations de genre.
Outre les questions de genre, l'égalité homme-femme est aussi au coeur de l'édition 2023 qui a opté pour la parité dans sa programmation. "Notre objectif est de montrer la réalité de la production de la bande dessinée aujourd'hui. Désormais, il y a plus de filles que de garçons dans les écoles de BD. Et puis il y a autant de femmes qui produisent des choses très intéressantes. Notre programmation paritaire nous semble normale", conclut Léonore Porchet.