D’emblée le livre interroge. Il commence par l’épilogue, avant de se terminer par… le prologue qui n’est autre qu’une pièce de théâtre en un acte. Le désir de brouiller les pistes et d’inverser les codes romanesques est au cœur de l’écriture de Maxime Sacchetto: "J’aime bien faire de l’expérimentation dans la littérature, jouer avec la forme. Pour moi, ça passe par la déconstruction de ce qu’est un roman. En jouant avec les codes, je me suis amusé à l’écrire ce texte", détaille-t-il à la RTS.
Jacques, l’anti-héros par excellence
Lectrices et lecteurs font la connaissance d’un homme à la voix grave et sinueuse qui fume, prend sa douche dans le complexe autoroutier, se brosse les dents et dort dans sa voiture campée sur une aire d’autoroute dans une ville inconnue. Il s’appelle Jacques et il vit, toute la durée du roman, sur ce parking. Il rencontre Dominique, un homme légèrement plus intégré socialement que lui, un couple de retraités, une caissière dont il tombe secrètement amoureux.
Au départ, ce personnage est un pur condensé ce qu’il y a de plus banal et de plus quotidien. Puis, au fil des pages, il se révèle et chute. Une faille profonde apparaît et émeut.
Une forme déroutante
Au départ il paraît propre sur lui bien que simple d’esprit, mais peu à peu, sa situation se dégrade et Jacques donne l’impression d’être un clochard, en proie à des hallucinations sonores et visuelles. Par moments, il se rencontre lui-même.
Ecrit dans une veine satirique et absurde, le roman déroute à la fois par son style et par son ton qui mélange prose, théâtre et poésie. Jacques a tout de l’anti-héros. D’ailleurs l’instance narrative ne se prive pas de le dire et de souligner à quel point ce choix de personnage est mauvais.
Quelle idée d’avoir comme individu occupant le beau rôle de ces pages un tel ahuri. Son regard bovin n’a naturellement d’égal que la mollesse de son cortex.
Un ouvrage multiple, un écrivain multiple
Maxime Sacchetto, à l’image de ce premier roman, est lui aussi multiple: auteur, archéologue, médiateur culturel, militant écologiste et musicien. Il est également la tête pensante du label indépendant lausannois Table Basse Records. Ses textes ont été publiés dans de nombreuses revues suisses et françaises (L’Épître, Le Persil, La vie manifeste, Revue Triages, La Chaise Jaune). En 2021, il est le lauréat d’une résidence d’écriture au Théâtre des Osses et participe à la création du projet "La Poésie du Kebab".
Débuté il y a environ sept ans, "Jacques est sur le parking" a connu plus d’une dizaine de versions différentes. Des strates de travail qui apparaissent en filigrane dans cette œuvre plurielle.
Layla Shlonsky/aq
Maxime Sacchetto, "Jacques est sur le parking", Presses littéraires de Fribourg (PLF)
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