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Pour son premier roman, le Vaudois Lionel Tardy imagine un Japon post-cataclysmique

Lionel Tardy. [Editions Favre - Anoush Abrar]
Entretien avec Lionel Tardy, auteur de "Terres sauvages", aux éditions Favre. / QWERTZ / 26 min. / le 26 juin 2023
En suivant l’ascension de Kanako Sawada, aspirante de l’armée impériale du Nouvel Empire du Japon, le Vaudois Lionel Tardy livre sa vision de la reconstruction du monde alors que l’humanité a failli disparaître suite à un cataclysme climatique qui a ouvert la voie à des guerres effroyables.

Avec "Terres sauvages", son premier roman, Lionel Tardy pose les bases solides d’une future saga passionnante. Avec une écriture très cinématographique, l’auteur place sa fiction dans le Japon du XXIIe siècle. L’île a connu, comme le reste du monde, le cataclysme climatique de 2040 suivi de son cortège de guerres sanglantes.

Ce tournant de notre humanité a conduit à l’effondrement des civilisations modernes. L’électricité est devenue une denrée rare alors que l’informatique toute puissante appartient désormais à la préhistoire. Avec peu de possibilités de produire des matières premières, on recycle tous les vestiges de ce passé informatique pour reconstruire un présent analogique.

Hordes barbares

Dans ce contexte, des survivants ont créé le Nouvel Empire du Japon, à quelques encablures des ruines de Tokyo, un pré carré protégé par l’armée impériale et ses forces spéciales. Sa capitale Shinkyo fait rêver bien des villageois des Terres sauvages. Abandonnés à leur propre sort dans un milieu hostile, ils sont des proies faciles pour les chasseurs d’esclaves dégénérés, organisés en bande de pillards sans foi ni loi, et barbares qui volent, violent et sèment la terreur sur leur passage.

Le décor ainsi planté laisse la voie libre à une intrigue où se mêlent affrontements sanglants, dépassement de soi, sens du devoir et de l’honneur et amitiés nouvelles.

Kanako sentit une pointe d’angoisse lui serrer le cœur. Elle expira bruyamment et reprit son souffle pour apaiser ses pensées et retrouver son calme. Ce n’était pas le moment de se montrer faible, surtout face au sergent-chef.

Extrait de "Terres sauvages" de Lionel Tardy, éd. Favre

Défendre les villageois

Kanako Sawada, jeune aspirante n'ayant aucune expérience du commandement, est parachutée cheffe de l’escouade d’éclaireurs chargée de faire la reconnaissance du trajet menant à Uchiyama avant que le convoi impressionnant de l’armée impériale n’y fasse une halte. Malgré les réticences des hommes et femmes sous son autorité, en particulier l’aristocrate Kumiko, hautaine, mais juste, la jeune femme va gagner leur confiance.

Sur place, le groupuscule de soldats surentraînés constate avec effroi que le village est investi par des pillards. Kanako prend l’unique décision qui s’impose à ses yeux: défendre ces pauvres villageois et mettre en fuite les monstres. Et tant pis si dans ses rangs, cela fait grincer quelques dents.

Malgré une équipe réduite, Kanako tient son premier fait d’armes. Elle se prend d’affection pour l’intrépide Shina, au point de faire de cette gamine orpheline qui se rêve soldate impériale, sa sœur adoptive. Plus tard, on respectera la lieutenante Kanako au point de lui confier la mission périlleuse d’accompagner dans le village de Kamikoshi des archéologues à la recherche de vieux matériel informatique militaire pouvant receler des documents de la plus haute importance.

L’influence de Miyazaki

Avec "Terres sauvages", des images de mangas nous traversent la tête, mais ici, exit les univers cyberpunk à la "Ghost in the Shell" ou les héros façon "Astroboy". On est plus proche de l’univers d’un Hayao Miyazaki, période "Nausicaä la vallée du vent", pour le nouvel empire protégé de la menace extérieure et de "Kiki la petite sorcière" pour la relation Shina-Kanako.

En ne parlant que de reconstruction en 2170, et si peu de destruction de notre monde en 2040, en décrivant comment la vie tente de renaître après le chaos, Lionel Tardy va plus loin que les habituels romans d’anticipation. Il relègue surtout la technologie au second plan et fait de l’humain le moteur principal de ce renouveau.

Il faut encore souligner le travail remarquable de Sandrine Pilloud dont quelques illustrations parsèment le roman, des dessins en couleurs dans un style épuré du plus bel effet. Ces parenthèses enchantées favorisent la flânerie. On quitte le texte pour visualiser mentalement ce qui vient d’être ingurgité avant de replonger goulûment dans le récit. Quelques pages enfin sous forme d’annexes permettent de creuser l’univers de Kanako Sawada, de comprendre le Japon, de visualiser la carte, le tout étant consultable dans une version plus complète sur un site internet spécialement dédié.

Philippe Congiusti/mh

Lionel Tardy, "Terres sauvages",  ed. Favre.

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