Né le 23 juin 1944 à Berne, Peter Bieri a étudié la philosophie, la philologie et les langues et les civilisations du sous-continent indien à Londres et à Heidelberg (D). Il s'est ensuite tourné vers la philosophie, matière qu'il enseigna. "Nous perdons un grand penseur et romancier", a déclaré son éditeur Jo Lendle.
Peter Bieri a été nommé en 1993 à l’Université libre de Berlin, où il a occupé un poste jusqu'en 2007. Ses domaines d’expertise comprenaient l’épistémologie et la philosophie morale. En 2010, il avait reçu un diplôme honorifique de l’Université de Lucerne.
Peter Bieri a adopté le pseudonyme Pascal Mercier pour son roman "Le silence de Perlmann" (1995) mais le mystère derrière son nom avait déjà été résolu avec la publication de son deuxième livre, "L'accordeur de pianos" (1998). Peter Bieri, alors âgé de 51 ans, avait révélé au journal "Spiegel" qu'il craignait la malveillance de ses collègues spécialistes après avoir été démasqué en tant qu'auteur. Publier de la fiction en tant que professeur titulaire renommé "ne se fait pas, selon les universitaires", avait-il déclaré.
Une adaptation au cinéma
En 2013 sort l’adaptation cinématographique de son roman "Train de nuit pour Lisbonne", paru en 2004. Le livre raconte l’histoire d’un modeste professeur de lycée bernois qui, poussé par deux coïncidences, se rend au Portugal pour retrouver un médecin et poète dont le monde des idées l’attire comme par magie.
Vendu à des millions d’exemplaires, le roman a été traduit dans plus de quarante langues. Le film, réalisé par le Danois Bille August et mettant en scène Jeremy Irons, a connu également un grand succès.
Les éveils, ou plutôt les expériences d’éveil, se sont avérés être le sujet préféré de l’auteur. Ce sont souvent des hommes blancs et âgés que Peter Bieri mettait au centre de ses romans, comme le professeur de grammaire Raimond Gregorius dans "Train de nuit pour Lisbonne" ou le traducteur de textes littéraires Simon Leyland dans "Le poids des mots", son dernier ouvrage paru en 2020. Le roman aborde la question de savoir comment on peut continuer à vivre lorsque l'on a déjà un pied dans la tombe. "Le poids des mots" est également devenu un best-seller. Peter Bieri avait démontré "comment les pensées et les histoires s’inspirent mutuellement", explique son éditeur. "Le philosophe a appris du narrateur et, inversement, ses romans donnent vie aux grandes questions de l’humanité", a écrit Jo Lendle.
ats/mh