"Malheureusement, je peux vous confirmer que Monsieur Milan Kundera est décédé hier (mardi) à la suite d'une longue maladie", a indiqué à l'AFP Anna Mrazova, la porte-parole de la Milan Kundera Library. Une information également relayée par son éditeur français de longue date, Gallimard.
"Immense tristesse. Milan Kundera avait choisi la France pour ne jamais cesser d'être libre. Au fil des pages, il nous aidait à découvrir qui l'on est, à trouver un chemin dans l'absurdité du monde. Avec lui, une des plus grandes voix de la littérature européenne s'éteint", a réagi la ministre française de la Culture Rima Abdul Malak sur Twitter.
L'un des plus grands romanciers de langue française
Né à Brno, alors en Tchécoslovaquie, le 1er avril 1929, il était l'un des romanciers de langue française les plus influents au monde et l'un des rares auteurs à être entré de son vivant dans les prestigieuses éditions de La Pléiade (en 2011). Il a été régulièrement pressenti pour le Nobel de littérature, qu'il n'a jamais décroché.
Milan Kundera laisse derrière lui une oeuvre traduite dans le monde entier, marquée par des romans qui exploraient les tiraillements existentiels de personnages en quête d'identité dans une Tchécoslovaquie grise et opprimée.
Déchu de sa nationalité en 1979
Milan Kundera a adhéré au Parti communiste tchécoslovaque à la fin de la Seconde Guerre mondiale avant d'en être exclu en 1950 pour un mot de trop, raconté en 1967 dans son premier roman "La Plaisanterie". S'ensuivent des textes qui dressent un bilan amer des illusions politiques de la génération du coup de Prague qui, en 1948, permit l'arrivée au pouvoir des communistes.
Mis à l'index dans son pays après le Printemps de Prague en 1968, Kundera s'exile en France en 1975 avec son épouse Vera, présentatrice vedette de la télévision tchèque.
"L'Insoutenable légèreté de l'être", son chef-d'oeuvre
Naturalisé français, il choisira dès lors le français comme langue d'écriture, pour marquer sa rupture avec un pays natal qui l'a déchu de sa nationalité en 1979, puis la lui a rendue en 2019.
En France, il publie "La Valse aux adieux", "Le Livre du rire et de l'oubli"... En 1984, paraît ce que d'aucuns considèrent comme son chef-d'oeuvre, "L'Insoutenable légèreté de l'être", formidable roman d'amour et ode à la liberté, tout à la fois grave et désinvolte, dont le sujet n'est rien moins que la condition humaine. Le livre sera adapté au cinéma, avec Juliette Binoche et Daniel Day-Lewis.
Peu présent dans les médias
L'écrivain réfutait cependant une lecture exclusivement politique de ces romans, cités comme témoignages du totalitarisme. "Le romancier n'est ni historien ni prophète: c'est un explorateur de l'existence", écrivait-il dans "L'Art du roman" en 1986.
S'abstenant de s'exprimer dans les médias, souhaitant qu'on parle de son oeuvre et de rien d'autre, Kundera vivait discrètement dans le centre de Paris, avec sa femme Vera.
Il avait été plusieurs fois victime de macabres canulars sur les réseaux sociaux où sa mort a été annoncée avant l'heure.
afp/aq