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La rentrée littéraire suisse, vagabonde et multiculturelle

Des livres ouverts. [Depositphotos - duskbabe]
Des livres ouverts. - [Depositphotos - duskbabe]
Tout sauf nombriliste, la production littéraire suisse de cette fin d'été célèbre l'ailleurs, le choc des cultures, la diversité des territoires, des époques et des imaginaires. Petit tour d'horizon de quelques parutions remarquables.

Brimés quelques saisons durant par les variants du Covid, les Suisses ont renoué de plus belle avec le vaste monde. Et la littérature d'ici n'est pas en reste. Cosmopolite, multiculturelle et altruiste, la rentrée littéraire helvétique fait la part belle à l'ailleurs, aux petits et grands voyages qui forment la jeunesse éternelle de nos imaginaires.

Rencontres nomades

La couverture du livre "Le vieil incendie" d'Elisa Shua Dusaspin.
La couverture du livre "Le vieil incendie" d'Elisa Shua Dusaspin.

Trois ans après avoir transporté sa plume douce-amère aux confins de Vladivostok,

Elisa Shua Dusapin

met en scène avec "Le vieil incendie" (ed. Zoé) les retrouvailles complexes de deux sœurs dans leur maison familiale du Périgord, une vieille bâtisse auréolée de mystère et de secrets intimes.

Chez le même éditeur, l'Alémanique Martina Clavadetscher explore avec l'audacieux "Trois âmes soeurs", roman couronné par le Prix suisse du livre 2021, la sororité séditieuse qui unit les femmes à l'ère de l'intelligence artificielle et de la robotique sexuelle. Jérémie Gindre, quant à lui, séduit avec ses nouvelles à l'humour british irrésistible, contant les déboires et rencontres impromptues d'individus ordinaires arpentant des sites remarquables ("Tombola", ed. Zoé).

>> Ecouter le sujet du 12h30 sur "Le vieil incendie" d'Elisa Shua Dusapin :

L'autrice Elisa Shua Dusapin en 2018, dans le canton du Jura. [Keystone - Anthony Anex]Keystone - Anthony Anex
L'autrice franco-suisse Elisa Shua Dusapin sort son quatrième roman "Le vieil incendie" / Le 12h30 / 2 min. / le 28 août 2023

Guerres et violences

Voyageuse également, l'inspiration de Daniel de Roulet traverse les frontières et les siècles pour nous faire revivre, dans un vaste poème en prose, la vie tourmentée des mercenaires suisses appelés au service du Roi de France et devenus, revirement aidant, d'improbables héros de la Révolution française ("Le bonnet rouge", ed. Héros-Limite).

Avec le bref "Nani" (ed. Slatkine), Mélanie Richoz signe quant à elle un des romans les plus terribles et puissants de cette cuvée. Le récit vrai d'une jeune mère de famille albanaise, victime de la violence insoutenable de son mari et de sa communauté. Hanté par le spectre d'une guerre moins intime, "La nuit au pas" d'Isabelle Cornaz (ed. La Baconnière), dépeint dans une suite de fragments sensibles la vie moscovite et ses mutations mortifères.

A l'est toujours, la Zurichoise d'origine roumaine Dana Grigorcea réveille les spectres du communisme et des mythes roumains dans un délicieux récit de vampires aux allures de conte intemporel ("Ceux qui ne meurent jamais", ed. Les Argonautes). Ancien délégué du CICR, peintre et écrivain, Jean-François Berger brosse en quelques nouvelles délicates et joyeuses les ébahissements d'un Suisse au pays des autres, de l'Inde aux Balkans ("Frappes courtes", ed. de l'Aire).

A l'ouest - de la Suisse cette fois-ci - saluons enfin l'arrivée d'une nouvelle maison d'édition, La Veilleuse, avec la parution en septembre de "La saveur du vent" de Fabienne Bogádi et de "Timidité des cimes" de Maxime Marchand.

Nicolas Julliard/aq

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