Aurore, Parisienne en rupture, s’est installée à la campagne dans une maison isolée, seule avec son petit garçon. Tout va bien jusqu’au jour où débarque Alexis, acteur célèbre, qui semble en cavale. Il a quitté Paris et abandonné les répétitions du "Dom Juan" de Molière, sans prévenir personne. Un scandale l’a chassé du paradis.
Pour Maria Pourchet, sociologue et scénariste, le roman est un fabuleux moyen pour étudier les microcosmes, celui de l’entreprise où travaillait Aurore comme celui du théâtre, et analyser les grands enjeux de nos sociétés. Notamment les rapports homme-femme. Dans "Les impatients" (Gallimard, 2019), elle suivait la trajectoire, semée d’embûches, d’une jeune cheffe d’entreprise. "Feu" (Fayard, 2021), récit d’une passion adultère, faisait se rencontrer un cadre et une universitaire.
Séduction compulsive
Ici, dans "Western", Aurore va tenter de comprendre Alexis, pourtant parfait prototype du "connard", selon l’autrice. Un homme qui séduit de façon compulsive, porté par sa notoriété et son aura, sans s’inquiéter des conséquences de ses actes. Problème: il a eu une histoire avec une de ses élèves, Chloé, une amante bien plus jeune que lui. Maria Pourchet étudie ici le phénomène de l’emprise, décortique les comportements d’Alexis, des gens qui l’entourent, et de son public.
Si le western est un genre, c’est le féminin. Il articule en un seul trajet l’idée du destin, l’idée du tragique de la condition humaine à celle de la plus fascinante liberté. C’est quoi, tout ça en une seule forme, sinon une femme?
Les codes du western
La romancière tient son récit de bout en bout et a choisi de le placer sous le signe du western, dont elle nous livre les codes. Pourchet a le sens du rythme, de l’intrigue, des rebondissements, dans un travail pourtant littéraire et même érudit, non seulement pour ses références cinématographiques, mais aussi dans la mise en parallèle qu’elle installe entre le parcours d’Alexis et le texte de Molière. La romancière construit un dispositif romanesque efficace, porté par une phrase brute, une frontalité dans le langage extrêmement intéressante, pour décrire la déconfiture d’une idole.
L’emprise est quelque chose qui m’a toujours interrogée, car je ne vois pas quelle situation amoureuse j’ai vécue qui ne relève pas de l’emprise.
Les personnages féminins au centre
L’histoire d’Alexis ne constitue pourtant pas le centre du livre. Comme toujours chez l’autrice de "Toutes les femmes sauf une" (Fayard, 2018), ce sont les personnages féminins qui attirent l’attention. Aurore ou Chloé, mais aussi leurs mères, ces femmes représentent chacune une façon de composer, ou pas, avec le monde masculin qui les entoure.
Sylvie Tanette/mh
Maria Pourchet, "Western", éd. Stock.
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