Native de New York et enseignante à Yale, la poétesse est la 16e femme à s'être vu décerner le prix Nobel de littérature et la 12e lauréate américaine dans cette discipline, après notamment Hemingway (1954), Steinbeck (1962), Toni Morrison (1993) et Bob Dylan (2016).
Son oeuvre, entamée à la fin des années 1960, célèbre pour son style fluide et sa sublimation de la beauté simple de la nature, lui a valu de nombreux prix prestigieux aux Etats-Unis. L'un de ses poèmes, "Japonica" (un groupe de papillons), rappelle l'art raffiné des peintres japonais, commençant par "Les arbres fleurissent/sur la colline./Ils portent/de grosses fleurs solitaires,/des japonicas".
Dans un entretien avec une revue de poésie américaine en 2006, Louise Glück se défendait d'être une spécialiste des motifs floraux: "J'ai eu beaucoup de demandes sur l'horticulture, or je ne suis pas horticultrice."
Elle avait publié en 1992 "The Wild Iris" ("L'Iris sauvage", traduit tardivement en français comme une grande partie de son oeuvre), recueil polyphonique d'une originalité incomparable qui déploie tout un jardin et lui vaut le prix Pulitzer, l'un des prix les plus prestigieux au monde.
Jeanne d'Arc
Même vouée à la confidentialité que réserve notre époque aux vers libres, sa poésie est restée très accessible. Elle se passe d'appareil critique explicatif, et l'anglais de Louise Glück se lit sans trop de peine pourvu que l'on ait quelques notions de cette langue.
Adepte du dépouillement, Louis Glück citait pour premières influences de jeunesse des poètes connus pour leur clarté d'expression, William Butler Yeats (prix Nobel 1923) et T.S. Eliot (prix Nobel 1948). Outre la nature, la grande source d'inspiration reposait dans son enfance.
"J'étais une enfant solitaire. Mes interactions avec le monde en tant qu'être sociale étaient peu naturelles, forcées, des représentations, et j'étais la plus heureuse quand je lisais. Bon, ce n'était pas entièrement aussi sublime que ça, je regardais beaucoup la télévision et mangeais beaucoup aussi", racontait-elle.
Son patronyme germanique lui venait de grands-parents juifs de Hongrie qui ont émigré vers les Etats-Unis au début du XXe siècle. Elle-même est née en 1943 à New York, dans une famille qui l'encouragea à exprimer sa créativité.
L'une de ses héroïnes d'enfance était Jeanne d'Arc, à laquelle elle consacra un court poème en 1975. "Et maintenant les voix répondent que je dois/me transformer en feu, selon le dessein de Dieu."
La mort d'une soeur
Son adolescence est difficile, elle souffre d'anorexie. L'un de ses traumatismes est la perte d'une soeur aînée, morte peu après la naissance. "Ma soeur a passé toute une vie dans la terre./Elle est née, elle est morte./Entre-temps,/pas un regard éveillé, pas une phrase", dit-elle dans "Lost Love" ("Amour perdu", 1990).
Louise Glück a abandonné ses études, s'est mariée puis a rapidement divorcé. Elle commence à se révéler en 1968, par son premier recueil "Firstborn" ("Aînée"). Un second mariage lui apporte plus de stabilité et elle devient universitaire.
En plus de cinquante ans, l'autrice a publié une dizaine de recueils de poésie, des essais et un roman. Ce dernier, intitulé "Marigold and Rose : A fiction" (2022) propose une plongée incandescente dans la vie intérieure de jumelles très différentes "J'aime mon oeuvre récente", avait-elle affirmé en 2020 au comité Nobel, citant "Averno", un recueil de 2006, comme "un bon endroit pour commencer" à la lire.
afp/hkr