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Dans "Le philatéliste" de Nicolas Feuz, les timbres sont en peau humaine

L'auteur et procureur neuchâtelois Nicolas Feuz [Editions Rosie & Wolfe - Olivier Fogel]
L'invité: Nicolas Feuz, "Le philatéliste" / Vertigo / 23 min. / le 19 octobre 2023
Un jeu de piste machiavélique, des blessures d'enfance et une enquêtrice genevoise tissent la trame du 17e polar de Nicolas Feuz, "Le philatéliste". L'auteur et procureur neuchâtelois en a profité pour rejoindre la maison d'édition créée par Joël Dicker, afin de se développer en francophonie et ailleurs.

"Le philatéliste", c'est l'histoire d'un tueur qui organise un jeu de piste sordide avec des colis postaux, à la veille de Noël. Sa marque de fabrique, ce sont des timbres-poste fabriqués à partir de peau humaine. L'affaire est confiée à une inspectrice genevoise, Ana Bartomeu. Son enquête la conduit des beaux quartiers de Genève à la vieille ville d'Annecy, en passant par Lausanne et Delémont.

Esquisse d'une trame

"Cela faisait un moment que j'avais envie d'écrire un polar genevois, confie Nicolas Feuz à la RTS. Alors j'ai profité des salons et des dédicaces pour me promener dans les rues de Genève et m'en imprégner". Le lieu de l'intrigue défini, restait à savoir quelle serait l'idée centrale de ce nouveau roman policier. L'écrivain choisit le timbre-poste.

Pourquoi ce choix en particulier? "J'ai eu une proposition de la Poste d'écrire un polar dans cet univers particulier. Au début j'ai refusé car je ne travaille pas sur commande, mais après l'idée a fait son chemin. J'ai accepté en leur disant que je ne leur ferai pas de publicité, détaille Nicolas Feuz. L'autre élément qui m'a poussé à écrire une histoire avec des timbres, c'est que dans mon enfance j'ai moi-même été philatéliste".

Marque de fabrique

Nicolas Feuz le reconnaît, il y a toujours de la géographie et de l'histoire dans ses polars. Pour "Le philatéliste", d'autres thèmes ont été ajoutés tels que l'enfance et ses blessures, et le harcèlement scolaire plus particulièrement.

"J'ai l'impression d'écrire dans la même veine que l'écrivain français Jean-Christophe Grangé, constate Nicolas Feuz. Lui aussi a une écriture très violente, mais elle tend à s'assagir avec les années".

Lors du processus d'écriture, Nicolas Feuz écoute beaucoup de musique, mais sans paroles. Cela aurait pu être du classique ou du jazz, mais l'auteur neuchâtelois avoue une nette préférence pour les musiques de film, notamment celles du compositeur Hans Zimmer. "Pour créer l'ambiance froide du roman, je me suis cette fois plongé dans la bande originale du film 'The Thing', composée par Ennio Morricone".

Changer d'éditeur pour se développer

Depuis 2018, les romans policiers de Nicolas Feuz étaient publiés aux éditions Slatkine, mais pour "Le philatéliste", l'auteur a décidé de se tourner vers la nouvelle maison d'édition Rosie & Wolfe, appartenant au célèbre écrivain genevois Joël Dicker. Pourquoi un tel changement? "Parce que Joël m'a approché en 2021 en me promettant une place si cela m'intéressait et parce que 'Slatkine & Cie' (la branche française de l'éditeur) n'a pas tenu les promesses qu'elle m'avait faites", explique Nicolas Feuz.

"Le rayonnement de Joël Dicker m'apporte une plus grande visibilité dans le monde francophone et à l'étranger, poursuit Nicolas Feuz. C'est d'ailleurs la première fois que je vais avoir des traductions en Espagne, en Hollande et en Finlande". Et l'auteur et procureur neuchâtelois de conclure sur un souhait: "Mon rêve ce serait de vivre entièrement de ma plume, d'ici trois ans".

Des propos recueillis par Rafael Wolf

Adaptation web: Sarah Clément

Nicolas Feuz, "Le philatéliste", éditions Rosie & Wolfe.

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