Pour le précédent tome, "Astérix et le griffon" en 2021, les éditions Albert René avaient parié sur cinq millions d'exemplaires et dix-sept langues. Résultat: 1,55 million de bandes dessinées vendues rien qu'en France les deux premiers mois.
Pour une série qui marchait déjà fort avec un scénariste moins connu du grand public, en la personne de Jean-Yves Ferri, faire venir une nouvelle plume, c'est comme resservir de la potion magique. Fabcaro, 50 ans, a en effet des fans très fidèles.
Entre tradition et modernité
Cet admirateur revendiqué des créateurs de la BD, le scénariste René Goscinny (mort en 1977) et le dessinateur Albert Uderzo (disparu en 2020), connaît par coeur l'univers des "irréductibles Gaulois". Avec une intrigue simple et efficace, et une cascade de gags, son humour doux-amer fonctionne très bien dans "L'iris blanc". "Il y a un dosage à trouver entre tradition et modernité, ne pas trop bousculer les règles. Les gens ont envie de retrouver leur Astérix", explique Fabcaro.
Par rapport aux albums précédents, "L'iris blanc" contient 30% de bulles en plus et le scénariste français a glissé des jeux de mots dans presque toutes les pages. "Cela se remarque à la lecture. Il faut 45 minutes minimum pour lire l'album", confie le dessinateur Didier Conrad. "Habituellement, je m'interdis les jeux de mots dans mon travail, car c'est un peu vieillot. Sauf qu'avec Astérix, cela fait partie du cahier des charges. Alors je me suis lâché et je me suis bien amusé", s'exclame Fabcaro.
Abraracourcix et Bonemine en vedettes
Les protagonistes de cette aventure sont le chef du village, Abraracourcix, et son épouse Bonemine - malgré eux, car ils se retrouvent séparés. Entre eux s'interpose le médecin-chef des armées de Jules César, Vicévertus.
Cet adepte de la "pensée positive" instille auprès des garnisons romaines, puis des habitants du village d'Astérix, une philosophie et des façons de s'exprimer nouvelles. Bienveillance, empathie, vie saine, harmonie entre les êtres, ce discours noble cache des buts qui le sont moins. "Ce n'est pas une charge contre la pensée positive. Je trouvais que le sujet était amusant à traiter, mais si charge il y a, c'est plus contre les gourous, ceux qui usent de tout cela pour avoir une emprise sur les gens fragiles ou en mal de repères. Ceux qui passent par la séduction, les mots ou le verbe à des fins de pouvoir", indique Fabcaro.
L'action se déplace à Lutèce (Paris de nos jours), où Obélix s'essaie à la trottinette. Dans cette capitale caricaturée, les habitants en prennent pour leur grade. Pour les Romains, encore raté: ce n'est pas cette fois qu'ils annexeront ce petit bout de terre de l'ouest de la France.
Propos recueillis par Pierre Philippe Cadert
Adaptation web: olhor avec afp
Fabcaro et Didier Conrad, "L'iris blanc", éditions Albert René.