L'écrivaine française de 46 ans, qui partait favorite pour ce prix, a recueilli au premier tour neuf voix sur douze de la part du jury, exclusivement féminin. Publié le 17 août, "Triste tigre" (Edtions POL) est un texte inclassable dans lequel l'autrice fait l'autopsie de l'inceste dont elle a été victime durant de longues années.
"Le sujet que traite mon livre, ce n'est pas un sujet ni de femme, ni d'homme, ni d'autre", a-t-elle déclaré après la proclamation du prix, au musée Carnavalet à Paris. "Cela me rappelle ma soutenance de thèse où il n'y avait aussi que des femmes dans les professeurs. (...) C'est une fierté, en plus, d'être encouragée", a-t-elle ajouté.
Les autres finalistes étaient Pierric Bailly pour "La foudre" (P.O.L), Guy Boley pour "À ma sœur et unique" (Grasset), Agnès Mathieu-Daudé pour "Marchands de sable" (Flammarion) et Jean-Baptiste Andrea pour "Veiller sur elle" (L’Iconoclaste).
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Déjà plusieurs fois primé
"Triste tigre" a déjà reçu le prix du Monde et celui des Inrockuptibles. Selon les estimations de GFK, il a dépassé les 50'000 exemplaires écoulés. Neige Sinno est également finaliste du prix Goncourt remis mardi et du Prix Médicis décerné jeudi. L'ouvrage était aussi en finale du prix Décembre, remis la semaine dernière à Kevin Lambert pour son roman "Que notre joie demeure" (Nouvel Attila).
En 2022, c'est l'artiste et romancière française Claudie Hunzinger, 82 ans, qui avait remporté le prix Femina du roman français avec "Un chien à ma table" paru chez Grasset.
Louise Erdrich et Hugo Micheron également récompensés
Le prix Femina du roman étranger a été décerné à l'Américaine Louise Erdrich, 69 ans, pour "La sentence" (Albin Michel), histoire d'une libraire amérindienne confrontée aux fantômes du passé et au racisme du présent.
Présente lors de la remise du prix, l'autrice a rappelé qu'elle tenait comme l'héroïne du roman une librairie à Minneapolis, dans le nord des Etats-Unis, consacrée à la littérature autochtone. "C'est aussi un lieu hanté", a-t-elle souligné. La romancière américaine a obtenu sept voix sur douze au premier tour.
Enfin, le jury a attribué son prix de l'essai, par neuf voix au premier tour, à Hugo Micheron, 35 ans, un spécialiste du jihadisme, pour "La colère et l'oubli" (Gallimard). L'essai se penche sur les mouvements islamistes radicaux et violents en Europe après l'effondrement de l'organisation Etat islamique en Syrie. L'auteur s'est dit heureux de la consécration de "trois ans de travail". "Pour moi, un livre, c'est féminin. Et recevoir ce prix, c'est pour moi la plus belle récompense", a-t-il affirmé.
aq avec afp